L’Espagne recense sa population en traquant les data

L’institut de statistique espagnole et trois grands opérateurs vont collaborer pour le prochain recensement national. En Belgique, l’idée a déjà percolé et est toujours à l’étude.

L’idée est simple. Plutôt que d’utiliser les données administratives souvent décalées par rapport à la réalité, pourquoi ne pas avoir recours aux données mobiles sans cesse actualisées ? C’est à cette expérimentation que l’institut national de statistique espagnole (INE) va se livrer, en collaboration avec Orange, Vodafone et Mobistar. Les trois plus grands opérateurs couvrent 78,3% de la population espagnole. C’est la première fois qu’aura lieu en Europe un recensement officiel d’une telle ampleur à partir des données mobiles.

Jusque ce vendredi, les opérateurs vont collecter les données des utilisateurs entre minuit et 6h du matin. L’objectif : déterminer où dorment les citoyens concernés et, par extension, où ils habitent. Une seconde partie se concentrera sur la période entre 9h et 18h, pour analyser les mouvements des populations.

La Belgique en avant-première

Cette méthode n’est pas neuve et tire son origine dans nos frontières. En 2016, l’institut belge de statistiques (Stabel) avait collaboré avec Proximus dans un projet similaire, le premier du genre. ‘Les recensements sont basés sur les données administratives du Registre National. Or de nombreux citoyens n’habitent pas à l’adresse qui y est indiqué. L’utilisation des données mobiles permet plus de précisions sur les pratiques. Les données sont actualisées quasi en tant réel’ analyse Marc Debusschere, coordinateur big data chez Statbel et responsable du projet de l’époque.

La collaboration entre Statbel et Proximus n’a pas été approfondie. En cause, des problèmes méthodologiques et, surtout, la réticence des opérateurs à participer à ce genre d’opération. L’institut espagnol a déboursé 550.000 euros pour convaincre les trois plus grands opérateurs nationaux. ‘Les opérateurs redoutent l’ouverture des discussions sur la confidentialité des données’ confie Marc Debusschere, qui avait coordonné le projet à l’époque. Des craintes apparues en Espagne, où les opérateurs insistent sur le respect des lois et des données privées.

Lors de son essai en Belgique, Statbel n’avait réussi à convaincre que Proximus. Un opérateur unique qui n’avait permis l’analyse ‘que’ 41% de la population.

‘On peut avoir la presque certitude qu’à l’avenir, ce genre de recensement sera la norme’ affirme le coordinateur de Statbel. ‘Actuellement, le plus gros problème n’est pas technique ni méthodologique, c’est plutôt de convaincre les utilisateurs de donner l’accès à leurs données’ conclut-il.

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