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L’Espagne a un problème d’huile d’olive, et le monde avec elle, mais ce n’est pas dû qu’à la sécheresse actuelle

L’Espagne a un problème d’huile d’olive, et le monde avec elle, mais ce n’est pas dû qu’à la sécheresse actuelle
Des montagnes entièrement recouvertes d’oliviers en Espagne. (Photo by PIERRE-PHILIPPE MARCOU/AFP via Getty Images)

L’Espagne est un pays naturellement sec, pourtant l’agriculture représente une large part de son économie : outre les mers de serres destinées aux légumes vendus partout en Europe, le pays produit la moitié de l’huile d’olive du monde. Une production menacée par la sécheresse. Mais cette crise annoncée n’est peut-être que la prémisse de celle de l’ensemble de l’agriculture espagnole.

Si les oliviers sont présents sur tout le pourtour méditerranéen, c’est en Espagne que la culture de cet arbre et de son célèbre fruit à huile a pris les plus grandes proportions. L’Espagne est le premier producteur mondial d’olives, avec 2.770.485 hectares dédiés à cette production, dont 93% finissent dans des bouteilles d’huile. La culture de l’olive représente 400.000 oléiculteurs dans le pays, ainsi que 1755 moulins à huile, 1500 embouteilleurs et 22 raffineries. Or, toute cette entreprise est menacée d’une récolte catastrophique.

Un soleil qui tape et des pluies qui ne viennent pas

Le ministre de l’Agriculture espagnol Luis Planas sonne l’alarme. Confrontée au manque d’eau, l’industrie nationale de l’olive peut s’attendre à une très mauvaise récolte: « S’il n’y a pas de baisse des températures ou de pluies dans les semaines à venir, la récolte d’olives de cette année pourrait être notablement inférieure aux précédentes » confie-t-il à Bloomberg.

Or le pays produit à lui seul la moitié de l’huile d’olive mondiale, avec l’Italie en seconde position, rappelle The Guardian, qui subit les mêmes revers du climat. On parle de 1.400.000 tonnes d’huiles par an, dont 60% partent à l’exportation.

Plus d’olives, ni de tournesols, ni de palmiers

De quoi laisser présager une pénurie à venir d’huile d’olive, alors que la guerre entre l’Ukraine et la Russie, et les blocages agricoles qui s’ensuivent, mettent déjà en péril l’approvisionnement en huile de tournesol. Or les deux denrées sont capitales pour l’industrie alimentaire mondiale, étant présentes dans de nombreux produits dérivés. Et l’huile de palme, aussi controversée soit-elle, ne pourra pas servir d’ersatz, car l’Indonésie, principal pays producteur, a cessé d’en exporter pour s’assurer d’abord de sa demande intérieure.

Si la cause avancée de cette mauvaise récolte à venir est bien sûr la terrible sécheresse qui sévit sur tout le continent européen, il s’agit hélas d’une catastrophe annoncée. L’agriculture extensive espagnole est très dépendante de l’irrigation tant les sols sont originellement peu fertiles et secs dans la majorité des régions du pays, d’autant qu’ils sont soumis à une très forte érosion qui dégrade encore leur qualité. Depuis des années, de nombreux activistes et experts environnementaux alarment sur un possible effondrement du système espagnol qui virerait à la désertification. L’eau nécessaire à l’agriculture est parfois acheminée depuis les Pyrénées.

Une culture qui s’étend encore

Un problème d’autant plus présent en Andalousie, dans le sud du pays, des régions montagneuses sur lesquelles il pleut peu, et où se concentre justement une large part de la culture de l’olivier dans le pays.

Or la surface allouée à la culture de l’olivier croît encore : l’Andalousie, qui est de loin la plus grande région productrice d’huile d’olive au monde, a vu ses oliveraies augmenter de 0,6 % en 2021, passant à 1.673.071 hectares, soit une superficie légèrement supérieure à celle du Connecticut. De même, Castilla-La Mancha, la deuxième région oléicole d’Espagne, a connu une croissance légèrement plus importante, la superficie des oliveraies augmentant de 1,3 % pour atteindre 449.388 hectares. Des chiffres qui donnent le vertige pour produire toujours plus d’huile, mais qui nécessitent toujours plus d’eau tout en dégradant toujours plus des sols déjà pauvres.

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