Les constructeurs automobiles présentent souvent la voiture électrique comme la voiture « zéro émission ». Le slogan est séduisant, mais malheureusement, il tient plus du marketing que d’une réalité technique: la voiture sans pollution n’a pas encore été inventée, et les modèles électriques sont eux aussi à l’origine d’émissions. Mais une partie de celles-ci ne sont pas produites sur le lieu de l’utilisation…
Même si elle n’émet pas de gaz d’échappement lorsqu’elle roule, la voiture électrique pollue parce qu’elle libère des particules provenant de l’abrasion de ses pneus, du frottement sur l’asphalte, et du freinage. Ces émissions ne sont pas négligeables : une étude menée par l’Observatoire de la qualité de l’air en France a conclu qu’elles représentaient 41% des particules fines en suspension émises en 2012 par le trafic en région parisienne.
Les recharges peuvent être polluantes
Mais c’est surtout lors de sa fabrication et de son chargement que la voiture électrique pollue le plus. En effet, l’électricité chargée dans la batterie ne provient pas forcément de sources renouvelables. Si elle est fournie par des centrales à charbon, on ne peut pas parler d’énergie propre.
En Chine, par exemple, les voitures électriques sont très populaires, mais la majorité de l’électricité produite provient de centrales à charbon. De ce point de vue, les voitures électriques ne seront “propres” que lorsque la plus grande partie de l’électricité produite proviendra de sources propres telles que l’éolien ou le solaire.
Or, même si, en termes de performances, un véhicule électrique consomme moins d’énergie qu’une voiture thermique, sur sa durée de vie, la consommation énergétique cumulée d’un véhicule électrique se rapproche sensiblement de celle d’un véhicule diesel.
La fabrication des batteries est polluante (et peu éthique)
Enfin, et surtout, c’est la fabrication des batteries lithium-ion des voitures électriques qui posent problème. Ces batteries se composent à 80% de nickel, de 15% de cobalt et de 5% d’aluminium. Le reste est partagé entre le lithium, le cuivre, le manganèse, l’acier et le graphite. Une grosse partie de ces métaux sont minés en Chine, et, souvent, leur extraction fait appel à des techniques qui polluent les sols.
De même, le cobalt provient fréquemment de République démocratique du Congo, qui détient 50 % des réserves mondiales de ce matériau. Mais les conditions de travail sont épouvantables pour les mineurs pas toujours adultes qui travaillent dans ces exploitations, “dans des tunnels étroits creusés manuellement”. Ils “sont exposés au risque d’accidents mortels et de graves affections pulmonaires”, déplorait Amnesty International dans un rapport l’année dernière.
Les constructeurs mis en cause pour le recours à une matière obtenue dans ces conditions cherchent de plus en plus à lui substituer du cobalt recyclé.
La « pollution délocalisée »
En fin de compte, la voiture électrique pollue aussi, mais de manière moins visible que la voiture à combustion, parce que cette pollution n’est pas émise sur le parcours, mais qu’elle est “délocalisée”, comme l’explique Guillaume Pitron, auteur de l’ouvrage La guerre des métaux rares: “Les pays occidentaux ont décidé de fermer leurs mines et laissent des États moins regardants sur la réglementation faire le travail. Ces pays sont les poubelles de notre transition verte”, explique-t-il.
Là encore, il n’y a donc pas de miracle à attendre…