Les Etats-Unis ont annoncé mercredi qu’ils renonçaient à imposer des sanctions contre la principale société participant à la construction du gazoduc Nord Stream 2 entre l’Allemagne et la Russie, un projet qui divise Berlin et Washington.
Dans une lettre adressée au Congrès et obtenue par l’AFP, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken indique avoir décidé de sanctionner plusieurs entités russes impliquées dans le projet, tandis que la société Nord Stream 2 AG, une filiale du géant russe Gazprom qui a son siège en Suisse, et son PDG Matthias Warnig, qui est de nationalité allemande, bénéficient d’une exemption.
Washington continue de penser que le gazoduc représente un « risque pour la sécurité énergétique européenne », mais le secrétaire d’Etat américain souligne dans ce document que ces exemptions sont « dans l’intérêt national des Etats-Unis ».
L’imposition de sanctions « aurait affecté les relations des Etats-unis avec l’Allemagne, l’Union européenne, et d’autres alliés et partenaires européens », explique M. Blinken aux élus du Congrès qui ont voté en 2019 une loi obligeant l’exécutif à imposer des sanctions aux parties impliquées dans le projet Nord Stream 2.
Berlin insiste sur le fait que le projet est « nécessaire » et « considère les sanctions américaines comme une interférence dans ses affaires internes », note le secrétaire d’Etat.
Pression de l’Ukraine
L’Ukraine, que le gazoduc contourne, et d’autres pays d’Europe de l’Est « continuent à demander instamment aux Etats-Unis de s’opposer au projet Nord Stream 2, mais ils ne sont pas tous favorables à des sanctions contre des entités ou des personnes européennes », ajoute-t-il.
Avant même cette annonce, l’Allemagne avait fait état de cette décision, la saluant comme une « étape constructive ».
« Nous comprenons que les décisions qui ont été prises à Washington tiennent compte de la relation extraordinairement bonne qui a été construite avec l’administration (du président américain Joe) Biden », a indiqué le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas lors d’une conférence de presse.
Le département sanctionne quatre navires russes poseurs de pipeline et d’autres entités mineures qui participent aux travaux du gazoduc sous-marin, long d’environ 1.200 kilomètres et achevé à 95%.
Le chantier a repris en février dans les eaux danoises. Dans les eaux allemandes, deux tronçons d’une quinzaine de kilomètres restent à poser et un permis, contesté par des associations écologistes, a été confirmé en début de semaine par l’administration fédérale.