Les travailleurs sud-coréens ne travailleront désormais plus “que” 52 heures par semaine au maximum

Les métallos allemands ne seront pas les seuls à avoir obtenu une réduction de leur temps de travail cette année : le gouvernement de Corée du Sud vient d’adopter une loi pour réduire le nombre d’heures maximum pouvant être travaillé au cours d’une semaine. L’objectif est d’améliorer la qualité de vie, mais aussi de favoriser la natalité.

Les métallurgistes allemands ont obtenu la possibilité de travailler 28 heures par semaine, quant aux Sud-coréens, ils ne travailleront désormais « que »… 52 heures par semaine (soit 40 heures normales, jours de weekend compris, et 12 heures supplémentaires), c’est-à-dire près du double. les personnes âgées de moins de 18 ans ne pourront plus travailler que 35 heures maximum par semaine, contre 40 précédemment.

68 heures auparavant… Weekends non compris

Une large majorité de législateurs ont en effet voter pour une loi qui entrera en vigueur au mois de juillet et s’appliquera dans un premier temps aux grandes entreprises avant d’être généralisée. Cette baisse du temps de travail était une promesse de campagne du président Moon Jae-in, qui a également décidé une augmentation de 16 % du salaire minimum sud-coréen cette année.

Précédemment, les entreprises avaient la possibilité de faire travailler leurs employés jusqu’à 68 heures par semaine, soit un gain de 16 heures. En outre, sous la législation précédente, les jours de weekend n’étaient pas comptés comme des jours de travail, ce qui signifie que les entreprises pouvaient faire travailler leurs employés 16 heures de plus par semaine sans que cela soit comptabilisé comme des heures travaillées, et qu’elles puissent donc être sanctionnées pour ce dépassement.

Une culture du travail favorisant le vieillissement de la population

En Corée du Sud, l’employé moyen travaille 2069 heures par an. (contre 1551 pour les employés belges en 2015, selon les calculs de l’OCDE).

Les Coréens du Sud ont d’ailleurs la 3e plus longue semaine de travail du monde, comparée à celles des autres économies développées (c’est le Mexique qui occupe la première place).

L’essor de l’économie sud-coréenne, dans les années 1980 et 1990 a coïncidé avec l’émergence d’une culture du travail, mais aussi d’une baisse de la natalité. Selon la ministre de l’Egalité des sexes et de la Famille sud-coréenne, Chung Hyun-back, les semaines de travail sud-coréennes “inhumainement longues” sont directement à l’origine du vieillissement rapide de la population du pays. Le pays déplore en effet le taux de natalité le plus faible du monde (1,2 enfant par femme, sachant qu’un taux de 2,1 enfants par femme est nécessaire pour assurer le renouvellement de la population, et que la moyenne mondiale est de 2,4 enfants par femme).

Une culture d’entreprise extrêmement concurrentielle, favorisant des semaines de travail interminables, combinée à une société patriarcale, dans laquelle c’est exclusivement aux femmes qu’il incombe de s’occuper de la famille, explique pourquoi les Sud-Coréennes ne se marient plus, expliquait récemment la professeure de sociologie à l’université Chung-Ang University de Séoul Lee Na-Young au site Le Vif. Or, ce sont surtout les couples mariés qui font des enfants.

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