Les tensions entre la Serbie et le Kosovo s’exacerbent : « Dénazifier les Balkans »

Dimanche, plusieurs médias kosovars et serbes ont fait état de tensions à la frontière entre le Kosovo et la Serbie. Bien que l’on ne sache pas encore exactement ce qui se passe, la rhétorique est vive.

Les tensions sont exacerbées depuis plusieurs mois, depuis que le Kosovo a décidé de promulguer une loi obligeant les conducteurs serbes entrant dans le pays à remplacer leurs plaques d’immatriculation par des plaques kosovares. Ils doivent également demander une carte d’identité kosovare temporaire lorsqu’ils se trouvent dans le pays. La loi doit entrer en vigueur ce 1er août.

La même loi existe en Serbie depuis environ 11 ans. Là-bas, les Kosovars doivent remplacer leur plaque d’immatriculation par une plaque serbe. La Serbie ne reconnaît pas l’indépendance du Kosovo, déclarée unilatéralement en 2008, et le considère comme une province serbe. La plupart des pays européens, y compris la Belgique, reconnaissent le pays.

Frontières bloquées

Alors que le Kosovo se prépare à appliquer la loi, les Serbes du Kosovo ont bloqué les rues menant aux postes-frontière dans le nord du pays en signe de protestation, selon plusieurs sources. Cela aurait contraint les autorités à fermer les rues. Des vidéos ont fait surface sur les médias sociaux montrant un grand nombre de voitures de police se déplaçant de la capitale Pristina vers la zone frontalière.

Peu après, les sirènes aériennes ont été activées dans la ville de Mitrovica, au Kosovo. Plus tard, des rumeurs d’éventuels échanges de coups de feu entre les deux parties ont suivi. Le Premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, a confirmé que des coups de feu avaient été tirés sur des policiers par des « criminels contrôlés par le gouvernement serbe dans le nord ».

La partie serbe a également exprimé un langage particulièrement fort. Dans un discours, le président serbe Aleksandar Vucic a déclaré qu’il préférait la voie de la paix, mais que s’il fallait se battre, la Serbie l’emporterait. « S’ils commencent à opprimer les Serbes, à les intimider, à les tuer, alors la Serbie gagnera ! »

Vladimir Dukanovic, un député du Parti progressiste serbe (SNS), le parti fondé par Vucic, a exprimé une rhétorique encore plus extrême. Dans un tweet, l’homme politique a déclaré que « tout me porte à croire que la Serbie sera contrainte de commencer la dénazification des Balkans. J’espère que je n’ai pas raison. » Ces propos reflètent le langage utilisé par le dictateur russe Vladimir Poutine avant qu’il n’envahisse l’Ukraine en février sous de faux prétextes. La Serbie est l’un des rares pays européens qui entretient encore des liens avec le Kremlin.

Blerim Vela, chef de cabinet du président du Kosovo, a déclaré ce qui suit plus tard dans la soirée : « Ce soir, dans le nord du Kosovo, nous assistons à une répétition du livre de jeu de Poutine par le régime de Serbie. La salle d’information est inondée de mensonges pour répandre la peur. (Il, ndlr) prétend à tort que les Serbes du Kosovo sont persécutés ». Enfin, M. Vela affirme que le président serbe tente d’intensifier la rhétorique militariste, mais qu' »il échouera ».

(JM)

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