L’Italie est très active sur les marchés monétaires. Le pays doit lever 62 milliards d’euros ce trimestre pour refinancer des dettes existantes. Il veut collecter autant d’argent que possible avant de soumettre son budget à Bruxelles à la mi-octobre.
La coalition anti-système formée du M5S et de la Lega souhaite mettre en place des mesures économiques qui pourraient coûter plus de 100 milliards d’euros au pays. En résumé, cela signifie que les impôts seront réduits (introduction d’un impôt forfaitaire), tandis que les dépenses augmenteront (introduction d’un revenu de base et réduction de l’âge de la retraite). Une première version de ces plans budgétaires est attendue pour la fin septembre. Mais les marchés financiers commencent à prendre de plus en plus en compte une sortie italienne de l’euro.
Mardi, Rome devait payer 3,2 % d’intérêt sur ses obligations à 10 ans. Cela s’était déjà produit en 2014. Les taux d’intérêt s’étaient déjà approché de ce niveau en mai dernier, lorsque le premier gouvernement anti-système de M5S et Lega a été formé et que l’UE a paniqué lorsqu’un politicien anti-euro s’est vu offrir un poste de ministre des Finances. Cette nomination n’a pas eu lieu, grâce à l’intervention du président Matarella.
Étendre le QE pour empêcher les attaques spéculatives contre l’Italie ?
Mais ces derniers jours, les turbulences sur les marchés vis-à-vis de l’Italie ont encore augmenté. Ce sont les déclarations du vice-Premier ministre Luigi di Maio qui en sont à l’origine. Il a déclaré que la limite de 3 % pour le déficit budgétaire, imposée par Bruxelles, ne pourrait pas être respectée. Dans le journal italien La Stampa, au début de la semaine, une rumeur circulait selon laquelle Rome allait demander à la Banque centrale européenne de poursuivre son programme d’assouplissement quantitatif (QE) – qui s’achève en décembre – afin de protéger la dette italienne contre attaques spéculatives.
Les investisseurs redoutent le remboursement de leur créance dans une autre devise
Mais les investisseurs s’inquiètent particulièrement d’une sortie italienne de la zone euro à court terme, ce qui se traduirait par le remboursement de leurs dettes dans une nouvelle lire italienne dévaluée et non en euros. C’est ce qui ressort de la comparaison des deux types de credit default swaps (CDS) par le Centre for European Policy Studies(CEPS). Les CDS sont des produits financiers dérivés qui assurent les investisseurs contre tout défaut de l’emprunteur. Jusqu’en 2014, ces contrats ne prenaient en compte aucun remboursement dans une autre devise. Selon les recherches, les contrats les plus récents en tiennent compte.
Ensuite, il y a la différence entre les prêts que Rome doit rembourser en euros et les emprunts contractés en dollars. Pour les titres libellés en euros avec une échéance à 5 ans, les Italiens ont promis de payer 2,8 % d’intérêt de plus que l’Allemagne en mai (« spread de taux »), un indicateur que les marchés considèrent être la référence pour un investissement sans risque. Mais lorsqu’ils empruntaient en dollars, ils ne devaient donner que 1 % de plus. La raison est simple. Que l’Italie sorte ou non de la zone euro, les dettes en dollars américains restent payables en dollars.
L’Italie peut quitter l’euro, mais la facture sera salée
Les populistes italiens nous donnent donc ici une leçon d’économie. Lorsque votre dette publique dépasse 130 % de votre PIB – ce qui est le cas en Italie – vous devenez dépendant des personnes qui sont disposées à acheter cette dette. L’Italie est donc libre de quitter l’euro, mais le pays en paiera un prix énorme.
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