Les robots humanoïdes captent l’imagination. Ils peuvent marcher, parler et gesticuler comme des humains, ce qui constitue une prouesse technique impressionnante. Mais aussi spectaculaires soient-ils, dans les applications industrielles, ces sosies de l’homme offrent rarement la meilleure solution. Dans des secteurs comme la logistique et la chaîne d’approvisionnement, qui représentent près de 10 000 milliards d’euros dans le monde, il s’agit avant tout d’une automatisation évolutive et rentable, et non d’une question d’apparence.
Bien que des milliards soient investis dans les humanoïdes, de l’industrie manufacturière aux soins de santé, le déploiement à grande échelle fait défaut.
La pratique exige l’efficacité, pas le spectacle
En tant que PDG d’une entreprise qui se concentre précisément sur la robotique orientée vers les tâches, je constate chaque jour que les systèmes spécialisés donnent de meilleurs résultats : plus rapides, moins coûteux et plus précis. L’équation est simple : avez-vous besoin d’un robot humanoïde pour faire la vaisselle ou un lave-vaisselle suffit-il ?
Coût et efficacité
Chaque fonction supplémentaire d’un humanoïde coûte de l’argent. De nombreux systèmes coûtent environ 250 000 euros. Même avec une production de masse, il faudra des années avant que ces robots puissent rivaliser avec des solutions spécifiques beaucoup moins coûteuses, comme le lave-vaisselle mentionné plus haut.
Cette différence est également évidente dans les contextes industriels. L’idée d’un entrepôt ou d’une entreprise agricole dépendant d’humanoïdes est actuellement irréaliste d’un point de vue économique. Les milliards qu’Amazon économisera grâce à la robotique d’ici 2030, selon Morgan Stanley, ne proviendront pas de sosies humains, mais de robots simples et efficaces qui déplacent des cartons ou réapprovisionnent des étagères.
Le succès de l’automatisation moderne ne réside pas dans l’imitation de l’homme, mais dans la refonte intelligente des processus. Avec un seul objectif : un rendement maximal à un coût minimal. Pour cela, vous n’avez pas besoin d’un généraliste, mais d’un spécialiste.
Là où les humanoïdes ont une chance
Cela ne signifie pas que les robots ressemblant à des humains n’ont pas d’avenir. Dans les environnements construits autour des personnes (tels que les maisons, les établissements de soins de santé ou les magasins), ils pourraient éventuellement s’avérer utiles. Mais seulement si leur coût diminue et que leurs performances s’améliorent.
Les premières applications apparaissent déjà, avec des robots humanoïdes dans l’hôtellerie et les entrepôts. Il n’en reste pas moins que dans des environnements structurés comme les entrepôts, où les processus sont prévisibles et les volumes élevés, les systèmes axés sur les tâches restent supérieurs. Amazon n’a pas opté pour les humanoïdes après l’acquisition de Kiva Systems – et ce n’est pas une coïncidence.
Collaboration homme-machine
Selon Gartner, d’ici 2030, quelque 80 pour cent des travailleurs travailleront quotidiennement avec des robots. Non pas dans des entrepôts entièrement automatisés remplis d’humanoïdes autonomes, mais dans une réalité où les hommes et les machines se complètent. De nouvelles fonctions émergeront autour du contrôle et de l’entretien des robots – et les compétences humaines resteront nécessaires là où l’automatisation n’est pas (encore) suffisante.
Retour sur investissement en robotique (RoRI)
La question clé reste la suivante : quel est le retour sur investissement ? L’automatisation des entrepôts est une question de vitesse, de précision, d’évolutivité et d’accessibilité financière. Les robots spécialisés offrent souvent une période de retour sur investissement de cinq ans seulement, ce qui est remarquable pour un secteur aussi jeune.
Les développements se font à une vitesse fulgurante. McKinsey prévoit une croissance annuelle de 50 pour cent pour les livraisons robotisées et de plus de 10 pour cent pour l’automatisation de la logistique. Les entreprises ont besoin de solutions maintenant, pas dans dix ans.
Les humanoïdes impressionnent. Mais ce sont les systèmes efficaces et orientés vers un but précis qui résolvent les vrais problèmes et s’autofinancent.
En bref : investissez dans les résultats, pas dans l’apparence.
Romain Moulin, PDG et cofondateur d’Exotec

