Entre la Chine et l’Europe, le torchon brûle, et la République populaire a même dû faire marche arrière suite aux propos de son ambassadeur en France. De partenaire incontournable, la Chine est de plus en plus perçue comme une puissance hostile. Mais on ne rompt pas une relation d’interdépendance économique du jour au lendemain.
Le contexte : vendredi dernier, l’ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye, a remis en question la souveraineté des États issus de la dissolution de l’Union soviétique – l’Ukraine, mais aussi les trois pays baltes. Selon lui, ils « n’ont pas de statut effectif en vertu du droit international parce qu’il n’y a pas d’accord international confirmant leur statut de nations souveraines » a-t-il déclaré sur le plateau de LCI. Et ça n’est pas du tout passé.
- « Nous ne sommes pas des pays ex-soviétiques. Nous sommes des pays qui ont été illégalement occupés par l’Union soviétique », martelait ainsi Gabrielius Landsbergis, ministre lituanien des Affaires étrangères
- Face à la levée de boucliers des chancelleries européennes, à commencer par celles d’Estonie, Lettonie, et Lituanie, la Chine a bien dû réagir. Elle a déclaré lundi qu’elle respectait l’indépendance des anciennes nations soviétiques, une marche arrière dont le pays n’est guère familier.
- Côté ukrainien aussi, les réactions ont été vives. Selon le journaliste et politologue ukrainien Oleksiy Petchiy, la Chine essaie d’éloigner l’UE des États-Unis, pour des raisons tant stratégiques que commerciales, en traçant une « troisième voie. » Mais elle s’y prend très mal. Malgré les ouvertures très controversées d’Emmanuel Macron.
Un clou de plus dans le cercueil des relations sino-européennes
Et maintenant ? L’Europe va réévaluer ses positions diplomatiques à l’encontre de la Chine.
- Les 27 étaient réunis hier à Luxembourg dans le cadre d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE, et la question chinoise est inévitablement arrivée sur la table.
- Mais l’affaire n’en restera pas là, et il s’agit là du dernier d’une longue série d’épisodes de tensions et de vexations entre l’Europe et la Chine. De quoi nécessiter un véritable rééquilibrage diplomatique ? Selon le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, on en est là : « Nous allons réévaluer et recalibrer notre stratégie vis-à-vis de la Chine. » Une réunion des 27 chefs d’État est prévue pour juin, et ça sera à l’ordre du jour.
Un partenaire commercial difficilement contournable
En 2022, la Chine était la première source d’importations de l’UE et le troisième acheteur de biens européens, rappelle CNBC.
- « La Chine est un rival systémique, un concurrent économique et un partenaire stratégique » résumait en mars dernier Ursula von der Leyden, la présidente de la Commission européenne. Trois relations fort différentes avec lesquelles l’Europe va devoir jongler.