Les ministres francophones disposent de deux fois plus de cabinettards que leurs homologues flamands

Après la publication du nombre de mandats et des rémunérations par la Cour des comptes, dénoncé de longue date par Cumuleo, c’est au tour du Groupe d’étude et de réforme de la fonction administrative (Gerfa) de partager ses analyses sur les cabinets ministériels. Un pan de la politique belge qui reste entouré de mystère.

Ce vendredi, les journaux Sud Presse font l’écho des trouvailles du Gerfa. Accrochez-vous, on y apprend par exemple que la ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale (PS) – on rappellera qu’il existe 9 ministres de la Santé en Belgique – dispose de pas moins de 65 collaborateurs. Au sein du même gouvernement, à l’opposé, Jean-Luc Crucke (MR) n’en a lui ‘que’ 40, tout comme Valérie De Bue (MR). En tout, les ministres wallons disposeraient de 416 collaborateurs, rapporte le Gerfa.

Système institutionnel oblige, les francophones sont représentés également à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce qui porte le total du nombre de cabinettards à 693 contre seulement 283 du côté flamand. Le record du nombre de collaborateurs est atteint par Rudi Vervoort (PS), ministre-président bruxellois, qui dispose de 82 collaborateurs ! Son homologue flamand Jan Jambon (N-VA) en a lui seulement 41. La différence : 1,2 million contre 6,5 millions d’administrés.

Les francophones exagèrent-t-ils? Oui et non. La loi leur autorise ces effectifs, et certains ministres, dont par exemple le ministre-président wallon Elio Di Rupo (PS), utilisent moins de collaborateurs qu’ils pourraient en disposer. Plus de couches institutionnelles signifie forcément plus de portefeuilles ministeriels à distribuer. Le Gerfa souligne aussi la transparence des cabinets ministériels des entités fédérées par rapport à l’échelon fédéral, plus flou.

Selon une enquête réalisée par la VRT, les ministres fédéraux sous le gouvernement De Croo disposeraient de 838 collaborateurs. C’est plus que sous le gouvernement Michel, mais il y a aussi plus de portefeuilles qui ont été répartis pour satisfaire les nombreux partis de la Vivaldi.

Tout ceci a évidemment un coût. Et de ce côté, toute la transparence est faite: le fonctionnement du fédéral coûte par exemple 65 millions d’euros par an, la Wallonie 25.

Dotations des partis

Le contexte est à la réduction des coûts, ça vaut pour l’administration comme pour les partis politiques. Une fois la crise sanitaire passée, et l’enveloppe européenne sur la table, l’Etat devra nécessairement se serrer la ceinture après un budget 2020 (et sans doute 2021) qui a explosé.

La Vivaldi a en outre décidé de s’attaquer aux dotations des partis en plafonnant les montants. Une attaque contre les gros, fustigent la N-VA et le Vlaams Belang. Pourquoi ne pas revoir plutôt le montant accordé par voix (3 euros par an par voix obtenue), suggèrent-ils? Une réforme qui ferait davantage de mal aux plus petits partis.

Les Etats-majors le reconnaissent volontiers en off: les partis sont trop riches. Mais ce n’est qu’une petite partie du problème. Beaucoup de pratiques datent tout simplement d’un autre temps: chauffeurs, cuisiniers, allocations de retraite et cabinets pléthoriques, entre autres.

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