Les jumeaux sont-ils le fruit du hasard?

Tout au long de l’histoire, les jumeaux ont suscité la perplexité et ont été tantôt vécus comme un don du ciel, tantôt vécus comme un mauvais sort. Ce qui est certain, c’est que la gémellité donne plus de travail à la maman et est plus contraignante pour les deux bébés, et ceci explique peut-être pourquoi ce phénomène reste si rare.

Cependant, deux chercheurs de l’Utah, les docteurs Robson et Smith, ont décidé de prendre le problème à l’envers. Au lieu de considérer les contraintes de la gémellité, ils sont partis de l’hypothèse de la nécessaire supériorité des mamans de jumeaux, que la nature auraient dotées de pouvoirs surnaturels pour perpétuer l’espèce humaine de façon plus productive que les autres.

Pour étudier le phénomène, ils ont choisi un échantillon ancien, parce qu’ils voulaient tenir compte de l’effet des progrès médicaux réalisés depuis 1870 qui ont atténué les mortalités des enfants et des mères. Par tradition, les Mormons suivent leur généalogie, et grâce à leurs registres, les chercheurs ont pu consulter une base de 1.6 millions d’enregistrements pour la période comprise entre 1800 et 1970. Les scientifiques ont éliminé les situations qui pouvaient introduire un biais dans le comptage du nombre d’enfants par femme : les femmes mariées plusieurs fois, les femmes rendues veuves prématurément, et les femmes de ménages comptant plusieurs épouses, puisque les Mormons pouvaient être polygames. Leur échantillon final se composait de 59 000 femmes parmi lesquelles 4600 avaient eu au moins une naissance gémellaire.

Les chercheurs ont séparé cette base selon que les naissances avaient eu lieu avant ou après 1870. Avant 1870, les mères de jumeaux avaient eu en moyenne 1.9 enfants de plus que les autres, et pour celles de la période post 1870, le différentiel était de 2.3. Ils également que la plupart des enfants parvinrent à l’âge adulte.

Bien sûr, les jumeaux donnent immédiatement l’avantage d’un enfant supplémentaire. Mais les différences trouvées étaient bien supérieures à un, et confirment les hypothèses des chercheurs. Et non seulement les mères de jumeaux étaient plus productives que les autres, mais elles avaient plus d’enfants sur un délai plus court (le délai entre deux enfants était plus court en moyenne que pour les autres femmes), et leur dernier enfant était conçu plus tard que les autres. Ils trouvèrent également que les mères de jumeaux vivaient plus longtemps que les autres mères. Elles étaient donc en meilleure santé.

Les jumeaux ne sont donc pas totalement le fruit du hasard, et certainement pas celui du mauvais sort. Ils témoignent d’une sélection naturelle à l’œuvre, et d’un atout naturel de leurs mères.

 

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