Les jeunes sont-ils trop paresseux pour trier les déchets ? Il suffit de jeter un coup d’œil dans le réfectoire d’une école moyenne pour le croire à tort. Mais les apparences peuvent être trompeuses. Le problème ne réside pas dans leur mentalité, mais dans la complexité du tri des déchets. Des règles avec beaucoup d’exceptions. Des matériaux difficiles à identifier. Même l’élève le plus motivé doit parfois deviner. Il ne s’agit pas d’un problème de mentalité, mais d’une défaillance pure et simple du système.
Le stéréotype de la commodité
Nous aimons attribuer les problèmes aux jeunes. Le stéréotype persiste : on les dit paresseux, rivés à leur smartphone et peu soucieux de l’environnement. C’est faux. La génération Z peut en effet trier. Mais à condition que le système soit clair et simple. En Belgique, nous sommes déjà sur la bonne voie. Les règles de tri sont les mêmes partout et le sac PMD bleu est bien implanté. Cependant, il y a encore souvent des confusions sur ce qui doit être mis dans tel ou tel sac ou poubelle.
Nous savons trop peu de choses sur ce que nous jetons
L’une des principales pierres d’achoppement dans le tri des déchets est la méconnaissance des matériaux. Pour les emballages, c’est généralement simple : ils doivent être placés dans le sac PMD bleu. Mais que faire d’un gobelet à café apparemment en carton, mais qui contient une couche de plastique ? Doit-il être placé dans le papier ou non ? Et qu’en est-il du plastique biodégradable ? Doit-il être jeté dans la poubelle organique, dans la poubelle résiduelle ou dans le sac PMD ? On reproche souvent aux jeunes de « ne pas bien faire ». A tort, car même les générations plus âgées ne savent pas toujours exactement ce qu’il faut mettre à tel ou tel endroit. Heureusement, il existe des initiatives telles que betersorteren.be de Fost Plus, qui servent de guide pratique pour ceux qui ne savent plus. Mais ceux qui consultent le site se rendent vite compte que les consignes sont loin d’être évidentes.
Le problème ne vient donc pas de nos jeunes. En Flandre, quelque 420 000 élèves des deuxième et troisième degrés de l’enseignement primaire ont déjà appris à gérer les déchets de manière durable grâce aux ateliers LABO (Leren Afval Beheren op School) que Fost Plus organise depuis 20 ans. C’est une bonne chose, mais ces ateliers ne devraient-ils pas faire partie intégrante du programme scolaire ? Ce serait probablement plus efficace que bien des campagnes de sensibilisation.
Les récompenses fonctionnent, les punitions non
Les jeunes, comme les adultes, réagissent mieux aux incitations positives. Pensez aux remises accordées pour la restitution d’un vieux téléphone portable. Ce sont des récompenses qui stimulent réellement le comportement. Menacer d’amendes ou pointer du doigt est contre-productif. Cela rend le geste moins naturel, plus contraint. C’est pourquoi les projets pratiques sont si précieux.
La génération Z grandit dans une société soucieuse du climat
Les études montrent que les jeunes sont au moins aussi motivés que les générations plus âgées. Ils grandissent dans une société où le climat et l’environnement sont constamment présents. Dans les festivals, les écoles et les campus où le tri des déchets est bien organisé, les jeunes trient avec autant de soin que les autres. La différence n’est pas dans leur mentalité, mais dans la manière dont nous les accompagnons. La génération Z apprend visuellement, rapidement et numériquement. Ils sont habitués à des icônes claires, à des instructions courtes et à un retour d’information immédiat. Donnez-leur cela et le tri deviendra aussi naturel que l’envoi d’un message via WhatsApp ou TikTok.
Il est temps de changer de cap
La solution ne réside pas dans des campagnes pleines de discours pédants, mais dans un système enfin clair et cohérent. Nous préconisons des pictogrammes à la place des codes couleurs, et une éducation qui apprend aux enfants dès leur plus jeune âge comment les matériaux sont constitués. Ce n’est qu’à cette condition que le tri des déchets ne deviendra pas un choix difficile, mais un réflexe naturel.
Pascale Hendrickx, Managing Director de Milgo Belgium

