Les faibles taux d’intérêt laminent les marges des banques, et en conséquence, celles-ci développent différentes stratégies pour tenter de protéger leur rentabilité. Mais pour le moment, aucune ne semble vraiment convaincante.
Néanmoins, ces taux bas font des heureux : les particuliers désireux d’acquérir de l’immobilier n’ont jamais bénéficié de conditions aussi favorables.
Une frénésie de crédits immobilier
En Belgique, comme en France, on assiste à une frénésie de crédits immobilier. Au cours de l’été, les montants des emprunts hypothécaires ont augmenté de 6,5 % chez nos voisins du Sud.
Les banques tournent à plein régime pour exploiter cette manne. Car non seulement le volume important des crédits immobiliers leur permet de compenser l’érosion de leurs marges liée à des taux d’intérêt plus faibles, mais de plus, il leur permet de récupérer nombre de nouveaux clients auxquels elles pourront proposer toute leur gamme de services. En outre, ces crédits sont assortis d’assurances elles-mêmes très lucratives. Néanmoins, le gouvernement français soulève la question d’une possible vague de renégociations à venir, qui pourrait encore éroder davantage les marges. Chez nous, c’est le possible surendettement des ménages qui inquiète, dans un contexte de forte hausse des prix des biens immobiliers.
Une diversification des activités
Les faibles taux d’intérêt, également réduits sur les fonds en euros, compliquent également la tâche de celles qui proposent des assurances-vie. En effet, ces fonds en euros sont garantis par les banques. Pour assurer cette couverture, elles mobilisent des fonds propres, ce qui induit des coûts, alors que la rentabilité de ces produits est en berne. La stratégie consiste donc à orienter la clientèle vers d’autres supports de placement, avec un succès mitigé.
Ces dernières années, les banques ont aussi élargi leur offre en proposant des polices d’assurance sur le logement, l’automobile, ou autre. Cette nouvelle activité leur offre un nouveau segment de croissance bienvenu. Les plus grands groupes peuvent se targuer de taux de croissance compris entre 5 et 10 % sur ces activités. Le crédit-bail, en particulier sur les véhicules, est une niche qu’elles exploitent aussi désormais.
Des restructurations en vue
Plus récemment, on a commencé à voir des banques européennes répercuter les taux d’intérêt négatifs sur les encours de leurs clients les plus aisés, comme l’Italienne Unicredit. Mais les revenus issus de ce filon devraient être limités, compte tenu que les dépôts des clients plus modestes ne seront pas concernés.
Le monde bancaire a également entamé une vague de plans de restructuration dans l’espoir de réduire ses coûts. HSBC Holdings, Barclays, Société Générale, Citigroup et Deutsche Bank ont déjà annoncé des suppressions d’emplois massives. Près 50 000 postes au total sont concernés à brève échéance. D’autres consolident leurs activités.
Le cas Goldman Sachs
Le Financial Times résume très bien la situation en prenant l’exemple de Goldman Sachs : ‘Lorsqu’elle est entrée en bourse il y a 20 ans, Goldman Sachs se vantait d’être “l’une des principales banques d’investissement et maisons de titres mondiales”. Les résultats de cette semaine ont montré à quel point les choses ont changé. En plus de ses rôles traditionnels de conseiller en matière de fusions et de négociation de titres de dette et d’actions, Goldman est maintenant : un investisseur en capital de risque qui investit dans des entreprises comme Uber et WeWork ; une banque de détail qui offre des comptes et des prêts à court terme aux consommateurs ordinaires ; un émetteur de cartes de crédit en partenariat avec Apple ; et un développeur de logiciels avec une suite d’applications.’