La multiplication des robots dans les usines inquiète les travailleurs: vont-ils se faire remplacer par une machine et perdre leur emploi? Une crainte fondée puisque plusieurs postes sont déjà passés à la trappe, suite à l’apparition de remplaçants faits de métal et de circuits informatiques. Mais un facteur en particulier pourrait aggraver la situation : le renforcement des protections des ouvriers.
Début d’année, une loi en faveur des travailleurs est entrée en vigueur en Corée du Sud. Intitulée Serious Disasters Punishment Act (SDPA), cette loi stipule qu’en cas de décès ou de blessure grave d’un travailleur sur son lieu de travail, le patron ou les cadres supérieurs de l’entreprise pourraient être condamnés à une amende ou à un emprisonnement, si le tribunal estime que les normes de sécurité ont été négligées. Un grand pas en avant pour les travailleurs, car cette loi a poussé les secteurs de l’industrie lourde et de la construction à investir pour rendre les lieux de travail plus sûrs. Mais cela a également eu un effet pervers ; cela les a poussés à favoriser l’automatisation, jugée plus sûre, au détriment des travailleurs. En cas de problème, les conséquences pour l’entreprise seront moindres.
La Corée du Sud, un cas à part ?
La montée en puissance de l’automatisation de date pas d’hier. La Corée du Sud faisait déjà partie des pays avec le plus de robots dans ses usines, et ce, bien avant l’adoption de la loi SDPA. Cette dernière a cependant précipité les choses. Or, à mesure que les machines automatisées deviendront plus performantes et plus abordables, on peut s’attendre à ce que la tendance s’accélère.
Mais bien que cette loi incite les entreprises à « se précipiter pour mettre en œuvre des solutions de sécurité utilisant l’intelligence artificielle, les TIC et les robots », la tendance dépasse le cadre du but recherché par le gouvernement sud-coréen. Depuis plusieurs années déjà, les entreprises des quatre coins du monde optent pour l’automatisation, car elle offre de nombreux avantages.
En Europe aussi, la responsabilité civile et/ou pénale est engagée si le Code du Travail n’est pas respecté. Les sanctions peuvent aller jusqu’à l’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.
Principal enjeu : rester compétitif
Outre la diminution des risques humains – et donc d’éventuelles poursuites judiciaires –, les robots permettent surtout de réduire les coûts de production – malgré un investissement qui peut être important – et donc, de rester compétitif par rapport aux rivaux mondiaux. L’automatisation peut également être une réponse à la pénurie de main-d’œuvre.
Des avantages qui font que dans les années à venir, les robots deviendront toujours plus intéressants pour les entreprises, comparés aux travailleurs humains, surtout si leurs droits et protections sont renforcés. Les autorités devront donc faire des choix difficiles ; protéger davantage les travailleurs et condamner leur emploi ou ne rien faire, quitte à ce que les travailleurs continuent d’être exposés à des dangers.