En progression dans les sondages, il devient clair que les Engagés veulent jouer un rôle dans la prochaine coalition fédérale. En attestent leur volonté de ne faire aucune exclusive – à l’exception du Vlaams Belang et du PTB – et leur rapprochement avec leur parti frère, le cd&v.
- « Nous pourrons discuter avec tout le monde, sauf avec les extrêmes. Donc, nous pourrons discuter demain avec la N-VA », a déclaré Elisabeth Degryse, la nouvelle recrue des Engagés, mardi matin sur LN24. Ce genre de déclarations fait toujours grand bruit dans la partie francophone du pays, alors que tout le monde semble avoir oublié que le PS a négocié avec cette même N-VA durant de longs mois, lors de la précédente formation du gouvernement fédéral.
- Faut-il y voir une appétence pour une Suédoise améliorée dans le chef des Engagés ? Pas si vite… Un rapprochement semble être quelque peu passé inaperçu, rue de la loi. Il faut dire que ce week-end-là, Bart De Wever a complètement monopolisé l’actualité avec son idée de présenter des listes N-VA au sud du pays, pour libérer « libérer la Wallonie du PS ».
- Ce week-end-là, début décembre, les présidents Sammy Mahdi (cd&v) et Maxime Prévot (Les Engagés) ont livré des entretiens croisés dans La Libre et De Standaard. Ils y faisaient part de leur intention de présenter des listes communes à Bruxelles, comme Ecolo/Groen et sans doute bientôt comme le MR et l’Open Vld. C’est le grand retour des familles politiques.
- Or, dans ces mêmes interviews, Sammy Mahdi ne s’est pas particulièrement montré chaud pour aventure fédérale avec la N-VA. « Je ne veux pas laisser le pays à une personne aussi négative« , a déclaré Mahdi à propos de De Wever. « Maxime et moi ne serons pas de simples spectateurs lorsque la politique se mettra hors-jeu (dans de longues négociations, ndlr). »
- Petit à petit, le président du cd&v, qui s’est aussi rapproché du MR de Bouchez, laisse tomber la ligne communautaire historique de son parti, au grand regret de certains ténors. « Les compétences doivent être réparties de manière plus homogène. Mais sur la manière de le faire, les dix partis ont des avis divergents. Je ne souhaite pas bloquer le pays pour cela. » Le jeune président refuse « un long siège dans les tranchées communautaires ».
- Il est à noter que l’Open Vld d’Alexander De Croo est sur la même ligne. Le Premier ministre ne tient plus le même positionnement qu’en 2019. Il a choisi la carte de « l’optimisme », se voyant à la tête d’une Vivaldi II. De Croo a indiqué ne pas vouloir « précipiter le pays dans l’aventure communautaire », soulignant qu’après les dernières élections, « l’obsession de la N-VA pour le confédéralisme a causé plus d’un an d’impasse politique et un coût de 10 milliards d’euros ».
- Dans tous les cas, une Suédoise agrémentée des Engagés n’obtiendrait que 58 sièges sur 150 à la Chambre, très loin d’une majorité, donc, selon le dernier Grand Baromètre Le Soir-RTL Info-Ipsos. Par contre, une Vivaldi II à laquelle on ajoute les humanistes francophones semble plus réaliste et obtiendrait 83 sièges.
- Deux autres formules testées en 2019 ne récoltent pas non plus de majorité : une « Arizona » (libéraux, chrétiens-démocrates et N-VA) qui exclurait le PS, mais avec Vooruit, ne rassemblerait que 69 sièges. Une « Bourguignonne » (socialistes-chrétiens-démocrates et N-VA + Open Vld) qui exclurait le MR obtiendrait seulement 73 sièges.

Crédit : Pascal Delwit, politologue à l’ULB sur Twitter.