Douloureux. Après avoir publié une carte blanche au vitriol dans L’Echo, cosignée avec l’économiste flamand Geert Noels, de Callataÿ a précisé ses propos dans une interview accordée à Trends. L’économiste s’attaque frontalement à Thomas Dermine (PS), dont le livre « Wallonie-Flandre, par-delà les clichés » serait « une insulte à la Flandre et à l’intelligence ».
- Le secrétaire d’Etat à la Relance aurait tout faux : sur les causes, le constat et la manière de remédier au mal wallon, dont « les indicateurs sont catastrophiques », explique l’économiste (Orcadia Asset Management). De Callataÿ peut être qualifié de libéral social, dont le parcours l’a mené à travailler pour le cabinet de l’ancien Premier ministre Jean-Luc Dehaene, mais aussi à se proposer auprès du MR pour un poste ministériel lors de la formation Suédoise, en 2014.
- Sur les causes du retard économique wallon, de Callataÿ estime que Dermine « n’évoque pas la responsabilité du socialisme depuis cinquante ans dans la situation actuelle de la Wallonie » et que passer sous silence la gouvernance publique du PS, « c’est se moquer du monde ».
- Dans son livre, Thomas Dermine s’attarde sur les raisons historiques qui peuvent expliquer le retard économique du sud du pays. C’est en effet un grand classique du golden boy des socialistes : la fermeture des charbonnages et des sites sidérurgiques serait la raison de tous les maux wallons. « Cela fait plus de quarante ans que la Wallonie est une Région, avec des leviers de décision », répond l’économiste, « on ne peut pas se satisfaire d’avoir enrayé la détérioration de la situation ».
- Sur le constat, Thomas Dermine se réjouit en effet que la situation s’améliore – ou arrête de se détériorer – notamment concernant le retard de la Wallonie par rapport à la Flandre. Mais là encore, de Callataÿ est tout sauf d’accord : « L’économiste Jean Hindriks (UCLouvain) faisait récemment circuler des chiffres concernant le taux d’activité montrant que l’écart continue à se creuser. Année après année, les chiffres du PIB montrent que la croissance est plus forte en Flandre qu’en Wallonie », poursuit-il.
- C’est aussi vrai pour les prochaines années : la croissance belge pour 2025-2028 devrait se situer autour de 1,4%, mais la croissance flamande serait de 1,6% contre 1,3% pour la Wallonie et 1,1% pour Bruxelles, a calculé le Bureau fédéral du Plan. Et le énième plan de relance wallon ne résoudra pas tout : il pourrait ajouter un bonus de croissance de 0,7% d’ici à 2030, s’est dernièrement réjoui l’IWEPS, l’Institut wallon de l’Évaluation. Soit un return de 8 milliards d’euros, alors que l’investissement public initial du plan de relance était de 7 milliards d’euros.
- Sur la manière de remédier à la situation, de Callataÿ ne croit pas aux méthodes socialistes. Il pointe du doigt « le laxisme wallon » en raison d’un « électoralisme » criant. « Je parlais récemment avec mon collègue Philippe Defeyt. Aujourd’hui, dans la plupart des sociétés de logement social, on accepte l’idée que le fils ou la fille d’un locataire de logement social ait la priorité absolue pour rester dans le logement (…). Sans conditions. Parce que si l’on met cette personne dehors, elle vous en voudra très fort. On a plus à y gagner sur le plan électoral. »
- L’économiste Philippe Defeyt, rattaché à Ecolo sur le plan idéologique, lançait un appel surprenant, il y a quelques jours, dans L’Echo : « Arrêtons de laisser des gens abuser du système, cela décourage ceux qui travaillent bien. »
- Etienne de Callataÿ semble avoir la même vision : il ne veut pas « sanctionner pour sanctionner », comme le proposerait le MR, « mais il faut avoir une autre approche en matière de logement social ou d’emploi. Regardez le parcours d’intégration qui est obligatoire en Flandre, mais optionnel du côté francophone. Pour avoir accès à un logement social en Flandre, il faut démontrer que l’on s’est inscrit à un cours de langue. On a vraiment une attitude laxiste chez nous« .
- L’économiste poursuit sa diatribe en s’attardant sur le cas de Thomas Dermine, « qui s’est trompé de parti » et qui « a un égo surdimensionné » s’il pense pouvoir changer le PS de l’intérieur. « Penser qu’une fois qu’il sera ministre-président wallon, tous les appareils du PS et de la FGTB vont le suivre, c’est s’illusionner », conclut de Callataÿ.
- Thomas Dermine serait enfermé dans le système PS. Et il l’a appris à ses dépens, il y a quelques jours, lors d’une séance de dédicaces à Châtelet, pour la présentation de son livre : le collège communal à majorité socialiste qui a organisé l’évènement avait prévu une enveloppe de 1.000 euros de boissons et de zakouskis pour les invités. « Il est inadmissible que le contribuable paye pour faire la promotion d’un candidat socialiste à la région. Cette rencontre est tout à fait politique », fustigeait alors l’opposition.