Principaux renseignements
- La croissance rapide du marché du crédit privé et sa réglementation limitée suscitent des inquiétudes quant aux risques systémiques potentiels.
- Le manque de transparence sur le marché du crédit privé rappelle les conditions qui prévalaient avant la crise de 2008, ce qui pourrait avoir des conséquences imprévues.
- Les inquiétudes concernant la contagion vont au-delà des emprunteurs individuels, car les difficultés sur le marché du crédit privé pourraient déstabiliser le système financier mondial.
Les dirigeants financiers européens tirent la sonnette d’alarme face aux dangers potentiels du marché du crédit privé, en forte croissance, dont la valeur est désormais estimée à plusieurs milliers de milliards de dollars. Oliver Bäte, PDG d’Allianz, a comparé certains aspects de ce marché à un « casino » lors d’un entretien avec CNBC, en raison de la surveillance réglementaire limitée par rapport aux banques traditionnelles.
Bate a souligné le rôle crucial que joue la réglementation dans la protection des consommateurs et l’atténuation des risques systémiques en cas de crise financière. Il s’est inquiété du fait que de nombreuses structures de crédit privées ne disposent pas de fonds propres suffisants pour absorber les pertes, ce qui pourrait avoir un effet de cascade sur l’ensemble du système financier.
Inquiétudes croissantes concernant la transparence
Bien qu’Allianz participe elle-même au marché du crédit privé par l’intermédiaire de filiales telles qu’Allianz Global Investors et PIMCO, M. Bate a mis en garde contre l’opacité croissante qui entoure les risques sous-jacents au sein de cette classe d’actifs. Il a établi un parallèle avec la crise hypothécaire d’avant 2008 et a averti qu’un manque de transparence similaire pourrait avoir des conséquences imprévues.
Les données de Morningstar DBRS révèlent un stress croissant parmi les entreprises de taille moyenne qui dépendent du crédit privé. Près de 30 pour cent d’entre elles sont confrontées à des difficultés financières, avec des taux de défaillance supérieurs à 2,2 pour cent et en augmentation. Les analystes attribuent cette tendance au ralentissement de la croissance des bénéfices et à la persistance de coûts d’emprunt élevés.
Inquiétudes concernant la contagion en dehors du secteur bancaire
Les inquiétudes concernant une contagion potentielle vont au-delà des emprunteurs individuels. Jérôme Grivet, directeur général adjoint du géant bancaire français Crédit Agricole, a fait écho aux inquiétudes de Bate concernant un système financier à deux vitesses, avec des normes réglementaires disparates. Il a exprimé sa crainte que des difficultés provenant de l’extérieur du secteur bancaire traditionnel ne déstabilisent le système financier mondial.
L’attrait de rendements plus élevés continue de stimuler l’investissement dans le crédit privé, en particulier pour les institutions confrontées à des engagements à long terme. Toutefois, les critiques soutiennent que la recherche du profit ne doit pas se faire au détriment d’une gestion responsable des risques. Bate a souligné qu’il n’était pas opposé au prêt privé en principe, mais qu’il préconisait des garanties et une surveillance solides pour éviter que les crises financières passées ne se répètent. (uv)
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