Les deux tiers de la croissance économique perdue seront rapidement récupérés. Et le tiers restant?

Malgré un demi-million de morts dus au Covid, les marchés boursiers mondiaux n’ont pas manqué une occasion de transformer les bonnes nouvelles économiques en hausses de prix ces dernières semaines. Après un confinement mondial de plusieurs semaines, les principales économies rouvrent leurs activités progressivement, cela peut conduire à des chiffres de croissance spectaculaires. De la même manière que les chiffres négatifs nous ont surpris en mars et avril, ils le font aujourd’hui positivement. Il y a par exemple une forte reprise tant en termes de demande de biens que de services. Une tendance qui devrait se poursuivre jusqu’en septembre.

Cependant, la question est de savoir combien de temps cette reprise peut prendre. Aux États-Unis – le seul véritable moteur économique avant le coronavirus – le nombre de personnes sans emploi continue d’augmenter. Dans divers secteurs américains (aviation, commerce de détail, énergie, …), des dossiers de faillite sont enregistrés. De nombreuses entreprises étaient déjà endettées avant le Covid-19. Selon des chiffres récents de la Deutsche bank, 1 entreprise américaine sur 5 sera bientôt une entreprise zombie (sous assistance).

L’Europe fait mieux après le confinement, mais ce n’est qu’en septembre qu’on aura une image réaliste de l’état de l’économie. Une fois que l’aide au chômage temporaire sera supprimée, on saura où nous en sommes. Bien sûr, les autorités interviendront toujours ici et là vu qu’elles peuvent emprunter à un taux d’intérêt faible ou nul, mais tôt ou tard cette aide sera également supprimée. Il fait peu de doute que la situation sera alors moins brillante qu’au début de 2020.

L’importance relative des baromètres d’entreprise

Les économistes s’attendent à ce que les deux tiers de la croissance perdue soient récupérés assez rapidement. La partie inférieure droite de la célèbre courbe en V. La demande s’étant effondrée ces derniers mois, il est normal qu’elle augmente à nouveau aujourd’hui. Mais la question est de savoir si cette demande augmentera durablement. Le Tankan japonais et l’Ifo allemand demandent aux chefs d’entreprise s’ils sont satisfaits de la situation. Mais le Market PMI demande simplement aux directeurs d’achat s’ils achètent plus ou moins. C’est pourquoi le Tankan et l’Ifo augmentent généralement moins que le PMI. Il est donc inutile d’extrapoler les PMI et autres indicateurs économiques.

Rappelons que le PMI est un indicateur économique de la santé du secteur manufacturier d’un pays. Il se base sur cinq indicateurs principaux : les nouvelles commandes enregistrées par les clients, le niveau de stocks, la production, les commandes chez les fournisseurs et l’emploi.

Scénario idéal en V. Le Parisien

Qu’en est-il du tiers restant de l’économie pré-Covid?

Mais qu’en est-il du tiers restant de l’économie pré-Covid? Quand sera-t-il récupéré? Là, le consensus est beaucoup moins évident et les prévisions varient de 12 à 18, voire 30 mois. Cela signifierait que le monde aura besoin d’au moins 2 années complètes pour revenir aux niveaux d’avant la pandémie.

Pour le moment, les chiffres pour la Chine et l’Europe restent encourageants, tandis que les États-Unis restent le sujet de préoccupation. Des mesures de verrouillage y sont réintroduites dans plusieurs États. Parce que le président Trump a décidé trop tôt de donner la priorité à l’économie sur la santé publique.

Qu’est-ce que cela signifie pour l’économie?

Mais qu’est-ce que cela signifie pour l’économie? Comment les entreprises et les familles font-elles face à une maladie contagieuse, mais qui ne met donc pas la vie en danger de manière exceptionnelle? Nous pouvons déjà dire que nous devrons vivre avec le Covid-19 pendant longtemps. Sans confinement complet, mais toujours avec des mesures de restriction. On parle aussi beaucoup d’un vaccin, mais même s’il arrive sur le marché demain, il faudra encore un an avant que tout le monde ne soit vacciné.

Cela signifie que les familles resteront prudentes dans leurs dépenses. Elles conserveront l’argent qu’elles ont économisé pendant la pandémie. En particulier, les ménages resteront concentrés sur le marché du travail afin de tenir compte des licenciements éventuels. C’est pourquoi les entreprises auront moins de revenus et essaieront de minimiser leurs coûts fixes (lean and mean), afin de gagner du temps. Tout cela nous donne une idée du rythme auquel l’économie évoluera dans les prochains mois.

Les milliards de dollars soutenus par les banques centrales ne contribuent guère à la croissance économique

Conclusion: après une chute tout aussi exceptionnelle et brutale, l’économie sort maintenant rapidement de la vallée, mais nous savons déjà que cette montée sera bientôt tempérée par la réalité.

Malgré les milliards injectés dans le système par les banques centrales après la crise financière, la reprise économique ne s’est jamais vraiment matérialisée. Un bon exemple est la zone euro, où la croissance économique atteint 1% depuis des années et n’a jamais dépassé 3% au cours des 10 dernières années.

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