Les compagnies aériennes du monde entier se sont engagées lundi à atteindre « zéro émission nette de CO2 » d’ici à 2050 pour lutter contre le réchauffement climatique, lors de l’assemblée générale de leur association. Cet objectif « audacieux » est aussi une « nécessité », qui va « assurer la liberté de voler des générations futures », a argumenté le directeur général de l’Association internationale du transport aérien (Iata), Willie Walsh, face aux dirigeants du secteur réunis à Boston (Etats-Unis).
Cet engagement s’alignera sur l’objectif de l’Accord de Paris visant à ce que le réchauffement de la planète ne dépasse pas 1,5°C.
L’Iata, qui revendique 290 compagnies membres, représentant 82% du trafic aérien mondial avant la pandémie de Covid-19, emboîte ainsi le pas au secteur aérien européen, qui a épousé les objectifs de l’Union européenne en la matière.
« Nombreux sont ceux dans cette salle, individuellement ou en tant que groupes, qui ont déjà franchi cette étape », a constaté M. Walsh. « Pour d’autres, ce sera un défi supplémentaire à un moment très difficile », le secteur aérien ayant été très durement touché par la pandémie.
« Mais nous devons tous soutenir cet engagement et être déterminés à y parvenir en temps et en heure. C’est ce qui doit être fait. Et ensemble, c’est possible », a plaidé le directeur général de l’Iata.
Comment ?
La stratégie consiste à réduire autant que possible les émissions de CO2 grâce à des solutions internes au secteur, telles que des carburants durables, de nouvelles technologies aéronautiques, des opérations et des infrastructures plus efficaces, et le développement de nouvelles sources d’énergie à émissions nulles, comme l’électricité et l’hydrogène. Toutes les émissions qui ne peuvent être éliminées à la source seront éliminées par des options hors secteur telles que le captage et le stockage du carbone et des systèmes de compensation crédibles, liste l’Iata.
« Atteindre des émissions nettes nulles sera un énorme défi », a reconnu Willie Walsh. Le secteur de l’aviation doit réduire progressivement ses émissions tout en répondant à la demande croissante d’un monde qui ne demande qu’à voler. Pour être en mesure de répondre aux besoins des dix milliards de personnes qui devraient prendre l’avion en 2050, il faudra réduire les émissions de carbone d’au moins 1,8 gigatonne cette année-là, a-t-il calculé. En outre, l’engagement net zéro implique qu’un total cumulé de 21,2 gigatonnes de carbone sera réduit d’ici à 2050.
Ce nouvel engagement intervient 12 ans après que l’Iata eut présenté un premier plan de réduction des émissions de CO2 des compagnies aériennes, de 50% d’ici à 2050 par rapport au niveau de 2005. Un engagement qui n’est « tout simplement pas assez ambitieux », pour le patron de l’Association internationale du transport aérien.
Centaines de milliards
Preuve de la bonne foi des compagnies, selon M. Walsh, celles-ci ont depuis investi « des centaines de milliards de dollars dans des avions plus économes en carburant, et la consommation moyenne des flottes a baissé de plus de 20% en une décennie ».
Le durcissement de ces objectifs, la résolution sur « zéro émission nette de CO2 » d’ici au milieu du XXIe siècle, n’a pas donné lieu à un vote, conformément aux statuts de l’Iata, mais été adopté par consensus, aucune compagnie membre n’ayant levé d’objection ferme qui aurait bloqué l’adoption.
Le processus a néanmoins été marqué par des remarques de compagnies chinoises, qui ont souligné que l’objectif de 2050 n’était pas cohérent avec celui adopté par le gouvernement de Pékin, qui vise pour sa part une neutralité carbone en 2060.
Une compagnie aérienne chinoise a aussi fait valoir que le secteur ne devrait pas publier son propre objectif, mais que les entreprises devraient adhérer à leurs objectifs nationaux respectifs.
Pour aller plus loin:
- Les pertes cumulées pour le secteur de l’aviation entre 2020 et 2022 sont connues