« Les choses se réchauffent » sur le front cybernétique : la Russie s’active, et les hackers chinois sont accusés de soutenir l’invasion

Après une première phase de guerre où la Russie a fait montre d’une certaine retenue sur le front numérique, les choses pourraient bien changer alarment les experts occidentaux en cybersécurité. Une offensive cybernétique massive est possible. Et l’implication des Chinois dans la saturation des défenses numériques ukrainiennes juste avant l’attaque du 24 février semble de plus en plus importante.

C’est un retournement de situation que personne n’aurait imaginé il y a de cela un mois : autour de Kiev les Ukrainiens sont passés de contre-attaques ponctuelles à une véritable contre-offensive, tandis que les troupes russes battent en retraite. Celles-ci se dirigent vers les frontières russes et biélorusses, en laissant derrière eux des mines et des pièges, selon les Ukrainiens, et en détruisant les ponts. Nul doute toutefois que ces troupes seront rassemblées et reconstituées pour être déployées sur un autre front, dans le Donbas très probablement.

Après l’offensive terrestre, l’attaque cyber ?

Un autre front semble d’ailleurs se réveiller : celui de la cyberguerre. Les services de renseignement britanniques ont averti jeudi que la Russie cherche de plus en plus à atteindre des cibles cybernétiques alors que sa campagne militaire terrestre en Ukraine est au point mort, rapporte The Guardian. D’autres rapports ont révélé mercredi que des pirates informatiques russes avaient récemment tenté de pénétrer dans les réseaux de l’OTAN et des armées de certains pays d’Europe de l’Est.

Ces développements montrent que « les choses se réchauffent » sur le front de la cybernétique, a déclaré Theresa Payton, experte en cybersécurité et ancienne directrice de l’information de la Maison Blanche. « Nous devons nous préparer au pire et opérer au mieux », a-t-elle déclaré. L’experte en sécurité s’étonne toutefois que, malgré quelques attaques qui ont fait de non négligeables dégâts, le Kremlin semble avoir fait montre d’une certaine retenue sur le plan cybernétique. Elle avance plusieurs explications possibles : Poutine pourrait ne pas ressentir le besoin d’utiliser les cyberattaques dans sa stratégie à ce stade de la guerre, ou il pourrait vouloir éviter les représailles supplémentaires promises par les États-Unis en cas de cyberguerre. « Il est possible que des attaques numériques soient en cours et ne soient pas entièrement comprises dans le brouillard d’une guerre terrestre » avance-t-elle.

Les Chinois plus mouillés qu’ils ne veulent l’admettre

Les renseignements britanniques pointent toutefois le doigt plus loin que Moscou, vers Pékin : toujours selon le quotidien britannique, La Chine a lancé des cyber-attaques contre des cibles militaires et nucléaires ukrainiennes peu avant l’invasion russe. Le gouvernement britannique a confirmé que le Centre national de cybersécurité enquêtait sur ces allégations, selon lesquelles plus de 600 sites web, dont le ministère ukrainien de la Défense, ont fait l’objet de milliers de tentatives de piratage coordonnées par le gouvernement chinois.

Ces affirmations sont fondées sur des notes des services de renseignement obtenues par le Times. Le service de sécurité ukrainien, le SBU, affirme que la Chine semble avoir été prévenue à l’avance de l’invasion, car les tentatives de piratage ont commencé avant la fin des Jeux olympiques d’hiver de Pékin et ont atteint leur apogée le 23 février, la veille de l’invasion de son voisin par la Russie.

Le SBU a indiqué que les forces de défense des frontières et la Banque Nationale d’Ukraine figuraient parmi les autres cibles des attaques. Ces tentatives avaient pour but de voler des données et d’explorer les moyens de perturber ou de mettre hors service des infrastructures militaires et civiles, a ajouté le SBU.

Collaboration « sans limite » entre Chine et Russie

De quoi amener de l’eau au moulin à l’idée que Xi Jinping était au courant des plans de Vladimir Poutine et qu’il les soutenait, jusqu’à accepter de l’aider en sous-main. Xi et Vladimir Poutine se sont rencontrés à Pékin au début des Jeux olympiques d’hiver en février et ont publié une déclaration commune affirmant que les liens entre les deux pays n’avaient « aucune limite ». Xi et Poutine ont également indiqué clairement dans cette déclaration qu’ils s’opposaient à toute nouvelle expansion de l’OTAN. Peu après, selon le SBU, il y a eu une augmentation des attaques du CNE contre des cibles ukrainiennes.

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