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Les banques « too big to fail » sont les grandes gagnantes de la crise bancaire

Les banques « too big to fail » sont les grandes gagnantes de la crise bancaire
Jamie Dimon (JP Morgan), Jane Fraser (Citigroup), Brian Moynihan (BoA) & Charlie Scharf (Wells Fargo) – Getty Images

La chute de First Republic et la reprise de ses actifs par JP Morgan est une nouvelle démonstration de force des grandes banques, qui profitent de la crise.

Pourquoi est-ce important ?

Les banques "too big to fail" font référence aux banques qui ont dû être sauvées durant la crise de 2008-2009 par les pouvoirs publics, car trop importantes que pour les laisser tomber en faillite. Ces mastodontes rachètent aujourd'hui au rabais leurs plus petits concurrents, bien ennuyés par la montée des taux d'intérêt et victimes de bank run. Certains parlent même de braquage des temps modernes.

Dans l’actu : JP Morgan s’empare de First Republic.

  • Comme d’autres avant elle, First Republic n’a pu résister à un bank run : 100 milliards de dollars retirés en quelques semaines, soit la moitié de ses dépôts.
  • La publication des résultats du 1er trimestre de la banque ont fait chuter le cours de l’action de 90%.
  • Les autorités n’ont eu d’autres choix que de prendre le contrôle de la banque.
  • JP Morgan et son « master of the universe » Jamie Dimon ont sauté sur l’occasion : la plus grande banque américaine a pris en charge tous les dépôts de la First Republic Bank, et la quasi-totalité de ses actifs pour une bouchée de pain. Enfin même pas puisque ces actifs à la casse et ces dépôts ne lui coûtent rien.

Le contexte : le schéma se répète.

  • Tout a commencé par l’effondrement de la Silicon Valley Bank, spécialisée dans les valeurs technologiques et les cryptos. Plombée par une année 2022 morose dans le secteur, par les taux d’intérêt, par les rumeurs de faillite et pour avoir mis tous ses œufs dans le même panier, la banque a subi un bank run.
  • Du côté européen, c’est la sulfureuse Credit Suisse qui a évité de peu l’effondrement. UBS a racheté la banque pour à peine trois milliards de francs suisses. Les détenteurs d’obligations ont tout perdu et les actionnaires ont reçu des actions d’UBS, mais bien moins que l’équivalent de leurs parts de CS. On a même parlé de braquage des temps modernes pour la banque suisse.

L’essentiel : gagnantes sur toute la ligne.

  • Les banques First Citizens, UBS et JP Morgan sont gagnantes sur toute la ligne. Non seulement elles ont avalé un concurrent, en aspirant gratuitement ses clients, avec le regard bienveillant des autorités, mais elles bénéficient en plus de la hausse des taux. Les grandes banques profitent de la hausse des taux car cela améliore leurs marges de crédit. Pour les petites et moyennes banques, en revanche, il est plus difficile de suivre et d’offrir à leurs clients les meilleurs rendements. L’écart se creuse donc.
  • Au-delà de ces trois banques, les gros bras l’emportent. La peur qui entoure les petits et moyens acteurs fait passer l’argent des déposants vers les banques « too big to fail ». À ce jeu féroce, c’est JP Morgan qui a emporté la plus grosse mise au premier trimestre 2023.
  • Le risque bien sûr, comme l’a mentionné la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, c’est que ces banques « too big to fail » deviennent encore plus « too big to fail« . Et aucune banque au monde, même les dotées ou les plus réglementées, ne peuvent échapper à un bank run massif.
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