Principaux renseignements

• La mobilisation de capitaux sera un défi majeur pour les banques russes en raison du durcissement de la réglementation.
• Malgré les sanctions et le conflit en Ukraine, le secteur bancaire russe a bien résisté, mais il est confronté aux vents contraires du ralentissement de la croissance économique.
• La banque centrale renforce la réglementation en rétablissant progressivement les règles internationales de Bâle et en augmentant les exigences de fonds propres pour les banques d’importance systémique.

La levée de capitaux sera le principal défi auquel seront confrontées les banques russes en 2026. Cette difficulté découle de la décision de la banque centrale de renforcer les règles en matière d’exigences de fonds propres. Andrei Kostin, PDG de VTB, le deuxième plus grand prêteur russe, a partagé ce point de vue avec Reuters.

Résilience du secteur bancaire

Malgré près de quatre ans de conflit en Ukraine et de sanctions occidentales, le secteur bancaire russe, emmené par VTB et Sberbank, a fait preuve de résilience. Les banques ont même enregistré des bénéfices records l’année dernière. Toutefois, comme la croissance économique devrait ralentir considérablement en 2025 et que les taux d’intérêt restent élevés, les portefeuilles de prêts commencent à se détériorer.

Parallèlement, la banque centrale renforce la réglementation. « Nous avons un certain nombre de changements prévus par la banque centrale visant à renforcer la réglementation et le calcul du capital pour les actifs non essentiels », a expliqué Kostin. « La poursuite de l’augmentation des capitaux sera une tâche difficile

Ces changements réglementaires comprennent un rétablissement progressif des règles internationales de Bâle, qui ont été assouplies en 2022. En outre, les exigences en matière de capital pour les banques « d’importance systémique » comme VTB sont renforcées. Kostin a estimé que la VTB à elle seule aurait besoin d’environ 1 700 milliards de roubles (l’équivalent de 18,8 milliards de d’euros) au cours des cinq prochaines années pour se conformer à ces nouvelles normes réglementaires. Il a fait remarquer qu’il serait exceptionnellement difficile de réunir un montant de capitaux aussi important dans le contexte actuel du marché russe, où les investissements occidentaux sont absents.

Profitabilité 

Malgré le ralentissement économique, VTB reste optimiste quant à ses performances financières, prévoyant un bénéfice net de 500 milliards de roubles (5,5 milliards d’euros) cette année et envisageant de distribuer entre 25 pour cent et 50 pour cent de son bénéfice net de 2025 sous forme de dividendes. La rentabilité de la banque a suscité des critiques de la part de certains milieux, qui estiment qu’il n’est pas approprié que les banques réalisent des bénéfices importants en période de ralentissement économique.

Kostin a reconnu que les réactions aux bénéfices de la VTB étaient mitigées, suggérant même un certain degré d’envie de la part de certains secteurs, comme l’industrie pétrolière, en dépit de leur position relativement favorable. Il a également admis que les activités de détail de la VTB étaient moins performantes en raison de pertes dans le segment des prêts immobiliers.

Perspectives économiques

En ce qui concerne l’avenir, Kostin prévoit que la banque centrale réduira son taux d’intérêt directeur de 50 points de base pour le ramener à 16 pour cent lors de la réunion de son conseil d’administration en décembre et qu’elle le ramènera à 12 ou 13 pour cent d’ici la fin de l’année prochaine. Il s’est dit préoccupé par le fait que les hausses d’impôts prévues en 2026, associées à des taux d’intérêt élevés, pourraient avoir un impact négatif sur l’activité économique, ce qui pourrait entraîner une baisse des recettes fiscales. Toutefois, Kostin a maintenu que la VTB ne perçoit pas actuellement de crise imminente dans le secteur réel de l’économie.

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