Les astéroïdes sont de vraies mines d’or pour ces startups, mais pas pour leurs métaux précieux…

Une poignée d’entreprises ont engagé une course pour tenter d’exploiter les richesses contenues dans les astéroïdes. De façon surprenante, ce n’est pas toujours leur richesse en métaux précieux ou rares qui attise leur convoitise. En effet, une poignée d’entre elles s’intéressent à une ressource bien plus banale, que recèlent certains astéroïdes : l’eau.

Planetary Resources, créée en 2009 par un collectif d’investisseurs comprenant Larry Page (Google) et le milliardaire britannique Richard Branson, Deep Space Industries (DSI), une firme fondée en 2013 à San Jose, en Californie, la Britannique Asteroid Mining Corporation (AMC), créée par Mitch Hunter-Scullion, un visionnaire de 23 ans, ou encore les Américaines Aten Engineering et TransAstra Corporation sont toutes convaincues que la Terre est trop petite, et que l’homme devra poursuivre son développement dans l’espace. Et comme iI sera techniquement infaisable d’embarquer tout le matériel nécessaire, il faudra se fournir dans l’espace, à la fois pour alimenter les moteurs des engins spatiaux, mais aussi les imprimantes 3D qui concevront les objets nécessaires sur place.

Le Graal, c’est… l’eau

Les pionniers qui dirigent ces entreprises ne savent pas encore exactement quels seront les futurs “best sellers” de cette exploitation minière, mais ils parient que ce sera l’eau, en raison des nombreux composants de fusée qui flottent dans l’espace, réduits à l’état de débris spatiaux. Ils ont été conçus pour être alimentés en hydrogène liquide et en oxygène, et si on trouvait un moyen de les ravitailler avec de l’eau, il  serait possible de les réutiliser pour entretenir des satellites jusqu’à la surface de la Lune, ce qui permettrait de réaliser d’importantes économies. 

Un énorme filon

Certains astéroïdes contiennent en effet de l’eau, piégée dans des dépôts d’argile. Plus petits que les planètes classiques, les astéroïdes n’ont pas une gravité importante, ce qui signifie qu’il devrait être relativement facile de les miner. La ressource est importante à première vue : en effet, on en dénombre plus de 18 000 à proximité de la Terre. Les petits satellites qu’il est possible de fabriquer aujourd’hui pour un coût minime ouvrent un champ d’opportunités pour ces startups, qui peuvent les prospecter et les étudier.

DSI planche actuellement sur un système de propulsion à vapeur qui pourrait équiper un petit engin spatial. Elle fait partie de ces pionniers qui rêvent de créer un véritable réseau de stations services de l’espace. Elle ambitionne de constituer une flotte de petits engins spatiaux capables de miner les astéroïdes pour y récupérer de petites quantités de matières premières qui seraient ensuite stockées dans un entrepôt central bâti entre la Terre et la lune. Ces matières – des dérivés de l’eau utilisable comme carburant, ou des métaux tels que le fer et le nickel qui pourraient être utilisés pour fabriquer des produits dans l’espace – seraient ensuite revendues directement sur place.

La Britannique AMC convoîte de ramener sur Terre le platine et d’autres métaux précieux, relativement abondants dans les astéroïdes. Elle souhaite placer un satellite en orbite autour de la Terre en 2020 pour analyser les astéroïdes les plus proches de notre planète, et a prévu de lancer une campagne de crowdfunding dans le courant de ce mois pour lever les fonds nécessaires pour ce projet.

Des opportunités

Certains pays encouragent ces startups, en leur offrant un cadre réglementaire favorable, et, éventuellement, des aides financières. C’est le cas du Luxembourg, qui a créé un fonds de 200 millions d’euros destiné à l’exploitation minière des astéroïdes, et s’est doté d’un cadre juridique et réglementaire apte à convaincre les investisseurs intéressés par cette activité de s’y installer. Une législation similaire a été introduite aux États-Unis en 2015.

Pour le moment, le seul échantillon de matière à avoir été ramené d’un astéroïde – quelque 1500 grains de poussière – ne pesait qu’un milligramme. Il a été rapporté par la mission  Hayabusa en 2010, qui l’a miné sur l’astéroïde Itokawa. Cette année, l’Agence japonaise d’exploration aérospatiale devrait renouveler cet exploit, en envoyant son vaisseau spatial Hayabusa2 sur un autre astéroïde, Ryugu. De même, le satellite Osiris-Rex de la NASA devrait partir récupérer un échantillon de 150 g de matériaux de l’astéroïde de Bennu au mois de décembre.

… Et des défis gigantesques

Mais cette exploitation minière pose des défis majeurs, et rien que le premier, le défi technologique que constitue le passage entre l’extraction de quelques grammes à quelques kilogrammes, voire tonnes, est gigantesque. L’exploitation minière des astéroïdes bute sur une contrainte importante : compte tenu de leurs orbites héliocentriques, les astéroïdes ne survolent la Terre que pendant une fenêtre de temps assez réduite, et c’est le seul moment où ils sont accessibles à l’exploitation minière. De plus, la mise au point de l’arrimage des engins spatiaux sur ces objets non sphériques, dont la surface est irrégulière, et qui se caractérisent par des tailles, des topographies et des vitesses de rotation très variables, ne sera pas simple. La conception d’une infrastructure pour le raffinage et le traitement des matériaux est un autre défi.

La question se pose également de savoir si ces entreprises peuvent s’approprier les matières qu’elles vont extraire de ces astéroïdes. Le Traité de 1967 sur l’espace extra-atmosphérique, qui régit l’activité spatiale internationale, ne mentionne rien à ce sujet. À terme, ce vide sera certainement le ferment de batailles juridiques épiques.  

Enfin, l’exploitation minière des astéroïdes risque aussi de poser des problèmes de sécurité et de responsabilité. Les manipulations sur un astéroïde risquent de modifier sa trajectoire, et de l’amener à entrer en collision avec la Terre, par exemple. 

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