L’Égypte et 4 autres pays refusent la création de centres d’accueil des migrants en route vers l’UE sur leur territoire

L’Egypte et quatre autres pays ont annoncé qu’ils refuseraient d’accueillir des migrants en partance pour l’Union européenne, si celle-ci le leur demandait. L’UE envisage en effet d’établir des “centres d’accueil”, ou “plateformes de débarquement hors de l’Europe” hors de son territoire pour répartir plus équitablement les demandeurs d’asile sur l’espace européen.

“Des structures d’accueil de l’UE pour les migrants en Egypte violeraient les lois et la constitution de notre pays », a indiqué Ali Abdel Aal, président de la Chambre des représentants égyptienne, au journal allemand Welt am Sonntag. Il a par la suite expliqué que l’Egypte hébergeait déjà “près de 10 millions de réfugiés provenant de Syrie, d’Irak, du Yémen, de Palestine, du Soudan, de Somalie et d’autres pays”, et qu’étant donné que ces demandeurs d’asile avaient tous droit à des soins de santé et d’une éducation gratuits, le pays était déjà complet. Selon Aal, seuls les migrants arrivés illégalement dans le pays faisaient exception.

Une idée de l’UE

La semaine dernière, le porte-parole du gouvernement autrichien, Peter Launsky-Tieffenthal, avait indiqué au média allemand DW que l’UE avait entrepris des négociations avec certains pays hors de l’UE pour y établir des centres d’accueil temporaires pour l’accueil des demandeurs d’asile. 

Jeudi dernier, un sommet européen sur les migrations qui s’est tenu à Bruxelles, avait entériné l’idée de la création de “centres contrôlés” dans des pays membres de l’UE “volontaires”, destinés à accueillir les migrants accostant sur les rivages européens, et “d’explorer rapidement” le concept de “plateformes régionales de débarquement” de réfugiés secourus en mer hors d’Europe.

Mais peu avant ce sommet, le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, avait déjà indiqué  que son pays “rejetait” l’idée de la création de centres d’accueil à l’initiative de l’UE sur son territoire. Il avait critiqué ce qu’il avait qualifié de « solutions faciles » et de « mécanismes contre-productifs ».

Les dirigeants de l’Albanie, de la Tunisie et de l’Algérie lui avaient emboîté le pas, et avaient eux aussi refusé d’ouvrir des centres d’accueil pour les migrants.

Une crise politique basée sur un problème… qui n’en est plus un

Il semble donc que les choses se compliquent pour la chancelière Angela Merkel, pour laquelle la création de ces centres constituait une partie de la solution à la crise politique qui l’oppose à son ministre de l’Intérieur Horst Seehofer.

Ironiquement, le nombre de demandes d’asile a considérablement baissé au sein de l’UE sur les derniers mois, et cette crise politique survient à un moment où l’on ne peut plus vraiment parler de crise migratoire. Alors que l’on a recensé un million de migrants débarqués sur les côtes méditerranéennes en 2015, on n’en a recensé “que” près de 43 000 depuis le début de cette année

Mais dans beaucoup de pays, la thématique de l’immigration a été payante pour faire progresser des partis populistes. Ils sont souvent imités par les politiciens ou des dirigeants conservateurs ou socio-démocrates, qui redoutent de les voir grignoter leur électorat, comme c’est le cas en France, ou de la Belgique. C’est le constat fait récemment par le correspondant du journal français Libération, Jean Quatremer :

“Les démagogues de tous poils l’ont bien compris : la sortie de l’Union et l’abandon de l’euro ne font plus recette depuis le référendum sur le Brexit. C’est pourquoi ils sont revenus à leur cœur de métier, le rejet de l’immigration, surtout musulmane. Bien sûr, l’europhobie n’est jamais loin, puisque l’Union est accusée tout à la fois d’être incapable de juguler ces arrivées jugées massives, de ne pas être solidaire des pays de la « ligne de front » (Grèce, Italie et, dans une moindre mesure, Espagne) ou, à l’inverse, de vouloir imposer une solidarité à des pays souverains”.

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