2,7 %: c’est le taux de croissance que le Portugal a connu en 2017. C’est la première fois que le pays enregistre un taux de croissance aussi rapide depuis 2000. Trois ans après sa sortie du plan de sauvetage qui l’a sauvé de la faillite, le pays connaît une reprise remarquable, alimentée par la demande domestique, des investissements élevés, et des exportations fortes.
Un tel taux de croissance dépasse celui de la moyenne de la zone euro, qui s’établit à 2,5 %. Le Premier ministre portugais, António Costa, ne cache pas sa joie: « Il serait difficile de minimiser le plus fort taux de croissance du siècle ».
En décembre, l’agence de notation Fitch avait décidé de revoir à la hausse la cote de crédit du Portugal. Cette dernière avait alors retrouvé un statut de valeur d’investissement, qu’elle avait perdu depuis 6 ans. C’était la 2e agence à prendre cette décision, après Standard & Poor’s. Les obligations portugaises, dont les taux avaient dépassé les 15% en 2012, sont désormais prisées des investisseurs. Leurs taux sont retombés à près de 2%, très comparables à ceux de l’Italie.
Le déficit budgétaire du pays, qui s’était monté à 7,2% en 2014, a atteint son plus faible niveau en 40 ans et il devrait s’établir à 1,4% du PIB sur l’ensemble de l’année 2017. Pour cette année, Lisbonne table sur un déficit de 1,1 %.
Le gouvernement a tourné le dos à la politique d’austérité
Le ministre des Finances du gouvernement socialiste portugais, Mario Centeno, n’avait pourtant pas fait l’unanimité au sein de la zone euro à son arrivée au gouvernement en 2015. Son premier budget tournait clairement le dos aux politiques d’austérité qui avaient été préconisées par la troïka composée du FMI, de la BCE et de l’UE qui avait accordé une aide de 87 milliards d’euros au Portugal en 2011. La Commission Européenne avait même menacé de poser son veto.
Le Portugal est l’un des pays de la zone euro qui a été le plus durement touché par la crise de la dette. En 2012, son PIB s’était contracté de 4%.
Les exportations
La forte croissance économique portugaise « résulte d’une contribution accrue de la demande interne, reflétant principalement une accélération de l’investissement, tandis que la contribution de la demande extérieure nette a été la même qu’en 2016 », indique l’INE dans un communiqué.
Les exportations ont en effet progressé de 10% en 2017, et même de 14,7% dans le secteur de l’industrie, a précisé le Premier ministre lors d’un débat au Parlement.
Le Portugal a retrouvé les faveurs des entreprises et de plus en plus de multinationales décident de s’y implanter. Parmi elles, on note les établissements financiers BNP Paribas et Natixis, ainsi que le constructeur automobile allemand Volkswagen. Ce dernier veut étendre son usine Autoeuropa, au sud de Lisbonne, pour faire passer sa capacité de production de 85 000 véhicules en 2016 à 200 000 cette année.
Encore des progrès à faire
Cependant, l’économie du Portugal est toujours à la traîne par rapport aux autres pays membres de l’Union Européenne. Le PIB n’a pas encore retrouvé son niveau de 2008, et le pays est toujours fortement endetté, avec un ratio de dette sur PIB de 126 %, même s’il atteignait encore 130 % en 2016. Mais la route est encore longue, compte tenu que l’UE souhaiterait que ce ratio tombe aux environs de 60 %.
Le chômage, qui avait culminé à 17 % en 2013, dépasse encore les 8 %.
Les entreprises comme les ménages demeurent très endettés. Le secteur bancaire demeure très affaibli, et d’importantes créances douteuses grèvent le bilan des banques portugaises.