En Chine, la chute de la parité du yuan et un ralentissement de l’économie ont abouti à une forte hausse des défaillances sur obligations de sociétés, d’autant que beaucoup des emprunts correspondants sont libellés en dollars. Des données compilées par Bloomberg montrent que la somme de ces défauts à la fin du premier semestre de 2018 se rapproche du total atteint pour l’ensemble de l’année 2016.
Les firmes chinoises ont fait défaut sur 16,5 milliards de yuans (environ 2,1 milliards d’euros) d’obligations d’entreprises depuis le début de cette année. Pour l’ensemble de l’année 2016, ce total était monté à 20,7 milliards de yuans (environ 2,7 milliards d’euros). Et cette tendance devrait s’accentuer, d’autant que les agences de cotation ont dégradé à tours de bras les cotes d’entreprises chinoises. Depuis le début de cette année, la Chinoise Dagong Global Rating Co. a dégradé 13 cotes d’entreprises et n’a revu la cote à la hausse que pour 10 autres.
La politique monétaire chinoise a mené à un « credit crunch »
A l’automne dernier, le gouvernement chinois a mis fin à sa politique accommodante en matière de crédit et a demandé aux banques de ne plus accorder de prêts uniquement pour maintenir les entreprises en difficulté. En avril, Pékin a introduit des mesures pour limiter les opérations du secteur bancaire parallèle. Cela a provoqué un véritable « credit crunch », c’est-à-dire une forte baisse de l’offre de crédit pour les entreprises et les particuliers au cours des deux derniers mois. Pour compenser le manque de liquidités en Chine, les entreprises ont emprunté aux investisseurs étrangers et ont émis d’importants montants de dettes libellées en devises étrangères.
L’inquiétude gagne les marchés
Les défauts se sont combinés au resserrement du crédit et aux menaces de guerre commerciale avec les États-Unis, pour commencer à éroder la confiance sur les marchés financiers chinois. Jeudi, l’Indice composite de Shanghai a chuté de 1,4 %, tombant à 2875, son plus bas niveau depuis le début de cette année.
Ils ont aussi entamé la confiance des investisseurs du marché obligataire, et pour les entreprises ne disposant pas d’une cote AAA, il est devenu bien plus difficile d’emprunter. L’augmentation des taux d’intérêt sur ces obligations, que ces risques ne manqueront pas d’alimenter, compliquera encore davantage les choses pour les entreprises chinoises privées qui n’ont pas accès au système bancaire étatique.
Une guerre commerciale avec les États-Unis n’arrangera rien
De plus, avec la montée des tensions commerciales avec les États-Unis, qui menace de nuire aux flux de trésorerie des entreprises, les défauts pourraient redoubler. C’est ce qu’affirme Jing Ulrich, vice-président de la zone Asie-Pacifique chez JPMorgan Chase. La demande des consommateurs et l’économie au sens large risquent de s’affaiblir et cela “pourrait se traduire par une dégradation de la qualité du crédit”, a-t-elle déclaré lors d’une interview vendredi à Hong Kong.
Lv Pin, analyste chez CITIC Securities à Pékin, estime que le volume des défaillances sur obligations devrait dépasser cette année le niveau de l’année 2016 et atteindre un record.