Le télétravail a été imposé à une très large part de l’économie durant près de deux ans. Maintenant que le gros de la crise semble passé, beaucoup d’employés se demandent si ça vaut vraiment la peine de retourner au bureau. Et dans certains pays, le gouvernement est d’accord avec eux. Mais ce n’est pas le cas partout.
Il n’y a pas si longtemps l’Europe était globalement encore assez rétive au télétravail : dans beaucoup d’entreprises, la culture de la présence au bureau et du contrôle hiérarchique restait dominante. Et puis le coronavirus a changé nos vies et, alors que les Européens n’étaient que 5% environ à travailler régulièrement depuis chez eux en 2019, ce chiffre a bondi jusqu’à une moyenne de 20%. Et dans certains pays, comme le Grand-Duché de Luxembourg ou l’Irlande, cette proportion n’a pas baissé après le passage du plus fort de la crise pandémique.
On est mieux chez soi
C’est une réalité : le coronavirus a totalement changé notre perception du monde du travail et, pour de nombreux employés, la possibilité de travailler depuis chez soi est devenue un important critère pour se lancer dans un nouveau job. Jusqu’à 30% des Britanniques par exemple se disent peu enclins à postuler pour un poste ne proposant pas de possibilités de télétravail, et 24% seraient prêts à quitter leur emploi actuel si le travail à domicile y devenait soudainement impossible. Et ces chiffres sont encore plus élevés chez les 25-35 ans.
Face à cette situation, certains pays envisagent de rénover leurs codes du travail afin de rendre le recours au télétravail plus facile. Et certains vont très loin.
Gravé dans la loi
- Allemagne : depuis janvier dernier il est obligatoire pour les entreprises d’offrir une possibilité de télétravail, sauf raison objective due au type de travail concerné. L’Allemagne est jusqu’à présent le seul pays à avoir consolidé cette décision avec une nouvelle loi.
- Portugal : le premier pays d’Europe à mettre en place un « régime » légal temporaire pour le travail à distance, avec de fortes amendes à la clef pour les entreprises qui ne le respecterait pas: celles-ci peuvent monter jusqu’à 61.200€ pour une très grande firme. Mais comme il n’a pas levé son état d’urgence, cette décision n’est pas forcément susceptible de prendre force de loi.
- Irlande : alors que la république celtique affiche un des taux de télétravail les plus élevés du continent – y compris d’ailleurs pour des emplois « présent » en Grande-Bretagne -, Dublin envisage de rendre le travail hybride accessible à tous les travailleurs des secteurs concernés d’ici l’année prochaine. Un patron devra avoir une très bonne excuse pour refuser une demande de travail à domicile, et tous les travailleurs du service public seront encouragés à passer jusqu’à 20 % de leur temps en dehors du bureau par défaut.
- France : Le travail à distance n’est pas proposé par défaut dans les descriptions de poste, mais les employeurs français doivent avancer une bonne raison pour refuser. Le pays tente depuis 2016 de mettre en place des encouragements au télétravail, mais les entreprises restent relativement réticentes à renoncer au présentiel.
D’autres pays, tels que l’Espagne et la Grèce, ont déclaré se pencher sur de nouveaux textes visant à libéraliser le télétravail au maximum.
Et chez nous ?
La Belgique était avant la crise un pays où la culture de la présence en entreprise restait particulièrement forte. Mais chez nous aussi, la crise virale va laisser des traces, et de nombreux employés – ainsi que certainement des employeurs – ne verraient pas d’un bon œil un retour au bureau et aux habitudes de 2019. Légalement par contre, il n’y a pas eu de changement gravé dans le marbre : depuis le 20 août dernier, le Comité de concertation ne « recommande » plus le recours au télétravail. Contrairement à d’autres nations de l’UE, la Belgique n’a jamais instauré ni incitants ni amendes aux entreprises refusant le travail à domicile.
En résumé, dans notre pays tout dépend de l’employeur, comme avant, en somme. A l’exception toutefois de Bruxelles où la situation sanitaire reste plus préoccupante, et où le télétravail reste « fort recommandé ». Dans les services publics fédéraux, 86% du personnel travaillait encore de chez lui en août dernier.
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