Le spatial, un marché ascensionnel

Rédigé avec la contribution de La Financière de l’Echiquier (LFDE)

Rolando Grandi
Rolando Grandi

Rolando Grandi, CFA, Gérant Actions internationales thématiques à La Financière de l’Echiquier (LFDE), livre son éclairage sur une thématique d’investissement de long terme particulièrement stratégique et transverse, l’espace. 

Dopé par la révolution digitale et l’innovation sans limites, le marché spatial, qui atteint aujourd’hui 400 milliards de dollars pourrait atteindre 2 700 milliards d’ici 2045[1], plus de 4 fois le PIB de la Belgique. Une révolution spatiale également bénéfique à Terre et un univers d’investissement qui crée des opportunités inédites au long cours.

Un marché en pleine effervescence

Le développement fulgurant du spatial démocratise l’accès à l’espace, favorisés par des sauts technologiques, tels que la réutilisation des fusées, générant la chute des coûts d’envoi des actifs dans l’espace. Le prix d’envoi d’un kilogramme en orbite a ainsi été divisé par 10 en l’espace de 20 ans, passant de 25 000 à 2 500 dollars. Un coût qui devrait chuter d’ici la fin de la décennie à 250 dollars, avec des projets tels que le lanceur lourd Starship de SpaceX. Dans son sillage se développe une myriade d’acteurs privés et des industries florissantes. C’est le cas notamment de celle des lanceurs. L’Américain ROCKET LAB, pionnier de la fabrication de lanceurs et fusées, a ainsi développé des lanceurs réutilisables pouvant être envoyés en orbite depuis des bases de lancement privées, et connaît une forte dynamique. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Le développement de l’industrie des satellites est elle aussi exponentielle, sa croissance est estimée à +9% par an d’ici 2027[2]. Plus de 33 000 satellites devraient ainsi être lancés d’ici les 10 prochaines années. 

Une industrie en orbite

La révolution spatiale est dopée par celle de la donnée. L’industrie de l’observation de la Terre s’est réinventée avec la miniaturisation des satellites ainsi que l’utilisation des orbites proches de la Terre et par l’usage de l’intelligence artificielle, qui permet d’analyser en profondeur et en détail tout changement observé. Fiables et précises, transmises en temps réel, les données spatiales sont devenues des informations essentielles à haute valeur ajoutée. La croissance de la seule industrie de l’observation de la Terre est ainsi estimée à +8,5% par an d’ici 2025[3]. Utile à tous les secteurs, de la communication à la santé, de l’agriculture à l’assurance, cette industrie peut contribuer à relever d’immenses défis planétaires.

La donnée spatiale peut se révéler notamment un outil très puissant au service du climat. 26 des 50 indicateurs de suivi du changement climatique identifiés par l’ONU sont ainsi fournis par l’imagerie satellite. L’Américain Planet, co-fondé en 2010 par 3 scientifiques de la NASA, dispose aujourd’hui de plus de 200 nanosatellites en orbite basse, qui prennent plus de 3 millions de clichés de la Terre chaque jour. Sa nouvelle constellation de satellites à haute résolution dont le lancement est prévu en 2023, sera quant à elle destinée à surveiller l’évolution des catastrophes naturelles et à suivre le changement climatique. Autres exemples avec MAXAR, fournisseur de la NASA, qui déploie un savoir-faire en images à très haute résolution unique à nos yeux, ou SPIRE, dont la constellation de 110 satellites peut créer un profil 3D de la température, de la pression et de l’humidité atmosphériques plus de 10 000 fois par jour, ce qui permet d’anticiper certaines conditions météorologiques, informations utiles pour les agriculteurs par exemple. 

La nouvelle économie spatiale connaît un point d’inflexion qui transforme le secteur de manière durable. Gouvernements, ONGs et entreprises autour du monde entier s’interrogent sur la manière dont ils peuvent bénéficier des avancées spatiales pour améliorer ses activités sur Terre. L’écosystème spatial est en grand partie développé pour améliorer la vie sur terre depuis l’espace. L’innovation continue au sein de cette industrie en pleine effervescence et dont le potentiel reste à capter, qui selon nous générera indubitablement un impact radical sur notre avenir.

Disclaimer : Les opinions émises correspondent aux convictions du gérant. Elles ne sauraient en aucun cas engager la responsabilité de LFDE. 

Les valeurs et les secteurs sont cités à titre d’exemple. Ni leur présence en portefeuille ni leur performance ne sont garanties dans le temps.


[1] PwC et Bank of America Merril Lynch, 2020

[2] Grand View Research, 2020

[3] Business Wire

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