Le scénario du pire pour le Brexit ressemble à un film catastrophe

En cas d’échec des négociations entre l’UE et la Grande-Bretagne, cette dernière sera confrontée à une crise économique d’une gravité inouïe, se matérialisant par des pénuries de nourriture, de médicaments et de carburants. C’est la conclusion d’un rapport rédigé commandé par le ministre britannique du Brexit, David Davis.

Cette étude était destinée à l’Inter-Ministerial Group on Preparedness, un groupe interministériel créé pour travailler sur la préparation du Brexit. Selon un certain nombre de témoins, les scénarios brexit sont si explosifs que seuls quelques ministres en ont été informés, et que les dossiers sont “conservés dans un coffre fort”.

« Armaggedon »

Les auteurs de cette étude ont extrapolé 3 scénarios possibles suite au Brexit: un scénario positif, un intermédiaire, et un véritable scénario catastrophe, surnommé « Armageddon », censé décrire de manière pessimiste ce qui pourrait se produire si le Royaume-Uni ne parvient pas à s’entendre avec l’UE, ce qui aboutirait à le soumettre aux règles de l’Organisation Mondiale du Commerce.

Il prévoit que les étagères des supermarchés de Cornouailles et d’Écosse se retrouveraient totalement dégarnies dans les deux jours qui suivront le Brexit, tandis que les hôpitaux commenceraient à manquer de médicaments au terme de seulement 2 semaines. Des avions de compagnies aériennes devraient être affrétés, ou les appareils de la RAF devraient être réquisitionnés pour apporter des médicaments urgents aux quatre coins du pays, et ce dernier pourrait également être confronté à une pénurie de carburants.

Douvres en plein chaos

Le port de Douvres s’effondrerait totalement, et ce dès le premier jour du Brexit, y compris dans le scénario intermédiaire. Les inquiétudes concernant un possible chaos dans le port de Douvres, qui est le théâtre d’un intense trafic de poids lourds en provenance de plusieurs pays d’Europe, ont d’ailleurs motivé la décision de créer d’une ou plusieurs zones d’attente pour ces camions, en prévision des contrôles douaniers qui devront être rétablis dès le premier jour du Brexit.  

Le gouvernement a indiqué que la Grande-Bretagne ouvrirait ses frontières si aucun accord ne pouvait être conclu. Sajid Javid, le ministre britannique des Affaires Intérieures, s’est montré rassurant, expliquant que la Grande-Bretagne se prépare à toutes les éventualités. « Je dois dire que je ne reconnais absolument rien de tout cela. Je suis très impliqué dans les  préparatifs en cas de “no deal” [aucun accord trouvé, ndlr] autant que je le suis pour obtenir un accord. Je suis certain que nous trouverons un accord », a-t-il déclaré dans une émission de la BBC.

« Il faut publier les documents »

Mais certains officiels soulignent qu’il n’est pas évident que les pays membres de l’UE fassent de même, en particulier la France. Ils notent que des pays de l’Union européenne pourraient aussi être affectés par des pénuries suite à la fin du commerce avec la Grande-Bretagne, mais que ces dernières se matérialiseraient beaucoup plus tard.

Layla Moran, une politicienne britannique du parti des libéraux démocrates, qui est aussi porte-parole de l’organisation Best for Britain, opposée au Brexit, a exhorté le gouvernement britannique à publier ces documents. “Il est maintenant clair que le gouvernement britannique nous mène à la catastrophe. Ce qui est pire, c’est qu’il le sache lui aussi”.

« Hystériques »

Un porte-parole du département pour la sortie de l’Union européenne a écarté ces scénarios, affirmant qu’ils étaient “complètement faux”. “Nous avons beaucoup travaillé et réfléchi à nos décisions sur la base des plans en cas d’absence d’accord, surtout en ce qui concerne les ports, et nous savons que rien de tout cela ne se réaliserait”. Un ministre en faveur du Brexit a quant à lui jugé que ces rapports étaient “hystériques”.

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