“Le Réparateur” : Mais où sont les 4 millions de dollars que l’avocat de Trump a reçus de diverses firmes ?

Un nouveau scandale est peut-être sur le point d’éclater à la Maison-Blanche. Il apparaît en effet que des multinationales ont secrètement adressé des sommes importantes à une société écran créée par l’avocat personnel du président américain Donald Trump, Michael Cohen.

Michael Cohen (notre photo se trouve actuellement au centre d’une enquête portant sur des soupçons de fraude bancaire, et son bureau, son domicile, une chambre d’hôtel et un coffre fort ont été perquisitionnés sur ordre du procureur du District sud de New York.

Le « Réparateur » de Trump

Agissant au travers d’une société écran immatriculée dans le Delaware (un Etat américain connu pour être un paradis fiscal) qu’il avait fondée en 2016, Essential Consultants, il aurait contacté une série de grands groupes pour monétiser sa proximité avec le président Trump, en leur rappelant qu’il était l’avocat personnel de ce dernier. Pour les convaincre, il leur montrait des photos dans lesquelles il figurait aux côtés de Trump, et indiquait la fréquence des conversations qu’il pouvait avoir avec le président. Il demandait également à des proches de partager des articles de presse le décrivant comme le « fixer » ( que l’on pourrait traduire par le « réparateur ») du président Trump.

4,4 millions de dollars de services

La firme de télécoms AT&T aurait ainsi payé 600 000 $ (environ 503 000 euros) à Essential Consultants. Elle explique qu’elle cherchait à obtenir des renseignements à propos de l’administration Trump.

Le groupe pharmaceutique suisse Novartis aurait versé 1,2 million de dollars (environ 1 million d’euros) en échange d’informations concernant la politique qui pourrait être appliquée par Washington dans le domaine de la santé. Elle aurait indiqué qu’on lui avait demandé de poursuivre ses versements, alors même que Cohen n’avait que très peu d’informations à lui fournir.

De même, Korea Aerospace Industry, une société sud-coréenne du secteur de la Défense, aurait également effectué un paiement de 150 000 $ (126 000 euros) pour recevoir des conseils en matière de pratiques comptables.

Mais ce n’est pas tout : Columbus Nova, une société d’investissement, liée à Viktor Vekselberg, un oligarque russe maintenant visé par les sanctions américaines, aurait également versé 500 000 $ (421 000 euros) à Essential consultants.

Essential consultants est également la firme qui aurait versé 130 000 $ environ 109 000 euros) à l’actrice de porno Stormy Daniels en échange de son silence concernant une liaison alléguée qu’elle aurait eue avec le président américain il y a une dizaine d’années.

Le procureur spécial Robert Mueller est au courant depuis des mois

Reste à savoir où se trouve le magot de 4,4 millions de dollars (environ  3,7 millions d’euros) qu’Essential Consultants a encaissés, et si ces opérations étaient parfaitement licites. Les sociétés en cause ont toutes indiqué que les paiements qu’elles avaient effectués avaient pour contrepartie des services légaux, allant du conseil dans le domaine de l’immobilier, à la fourniture de renseignements concernant la politique de la Maison Blanche.

De façon remarquable, cela fait des mois que le procureur spécial Robert Mueller, qui enquête sur de potentielles ingérences russes dans l’élection américaine, était au courant de ces transactions. AT&T a en effet indiqué qu’elle avait été contactée par le bureau du procureur spécial concernant Michael Cohen dès le mois de novembre 2017, et qu’elle avait répondu à toutes ses questions.

« Le Léonard de Vinci de notre époque »

Dans Bloomberg, Michael Avenatti, l’avocat de l’actrice Stormy Daniels, qui a ébruité cette affaire, fournit une analyse d’une délicieuse ironie de l’affaire :

“Les ‘explications’ fournies par ces différentes entités soulèvent encore plus de questions qu’elles ne permettent d’y répondre. Malheureusement, je ne suis qu’un avocat. De toute évidence, Michael Cohen est un avocat, un agent immobilier, un comptable, un médecin, un consultant d’affaires et un capital-risqueur. Qui aurait pu penser que Michael Cohen se serait révélé comme le Léonard de Vinci de notre époque ?”

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