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Le plafond occidental est déjà un outil périmé : les revenus du pétrole et du gaz de Moscou ont doublé

Le plafond occidental est déjà un outil périmé : les revenus du pétrole et du gaz de Moscou ont doublé
La production de pétrole reste toujours aussi élevée en Russie. | Getty / Fotojet

Les revenus du pétrole et du gaz de Russie sont repartis à la hausse, et permettent à Poutine de renflouer ses caisses. Le plafond de prix des Occidentaux a été contourné. Il est temps de trouver un nouvel outil.

Pourquoi est-ce important ?

Il y a un peu moins d'un an, les membres de l’Union européenne, du G7 et l’Australie se sont mis d’accord sur un plafond de 60 dollars le baril pour le pétrole brut russe transporté par voie maritime. Dangereux pour certains en période de disette énergétique, trop peu ambitieux pour d'autres alors qu'il fallait assécher le trésor de guerre de Poutine. Près d'un an plus tard, cette mesure a été très largement contournée par les flux du Kremlin.

Un plafond de prix obsolète

Dans l’actualité : les revenus fiscaux du pétrole et du gaz versés au budget russe en octobre ont plus que doublé par rapport à septembre et ont augmenté de plus d’un quart par rapport au même mois l’année dernière, selon les données publiées vendredi. C’est un constat d’échec pour les Occidentaux qui espéraient au contraire drainer ces revenus de l’État russe.

  • La parade était audacieuse, mais finalement pas bien difficile à mettre en œuvre. Une flotte de pétroliers « fantômes » constituée de navires qui ne devraient plus prendre la mer, encore moins chargés d’hydrocarbures. Mais qui le font quand même et permettent à Moscou de livrer discrètement ses marchandises.
  • Les Occidentaux se retrouvent contournés : leur blocus reposait sur l’interdiction pour les compagnies d’assurance et d’établissement de crédit du G7 et de l’Europe de prendre en charge des carburants russes, si ceux-ci avaient été achetés au-dessus du plafond. Moscou s’est juste construit une autre filière, plus floue et plus dangereuse pour le trafic maritime, mais qui fonctionne.

« Les pétroliers coûtent plus cher que les chars »

Dans cette partie de combat naval, la Russie a donc gagné la deuxième manche. Les Occidentaux espèrent, de leur côté, renforcer les contrôles sur les règles du trafic maritime. Mais à l’échelle des océans du globe, c’est plus facile à dire qu’à faire.

  • Le Département du Trésor a infligé des pénalités à deux pétroliers pour violation des règles des sanctions pour la première fois le mois dernier, relève le Wall Street Journal. Le plafond a fonctionné en un sens, mais il faut maintenant trouver autre chose. Or, c’est bien plus dur d’imposer des sanctions économiques à une galaxie frauduleuse.
  • Il espère jouer la carte des ports, avec une série de recommandations exigeantes : que chaque navire puisse présenter patte blanche lors d’un contrôle drastique de ses assurances. Des pétroliers, mêmes fantômes, doivent bien décharger. Reste à mettre un tel outil en application.
  • « Acheter des pétroliers rend considérablement plus difficile pour le Kremlin d’acheter des chars » nuance toutefois auprès du Wall Street Journal Eric Van Nostrand, secrétaire adjoint par intérim pour la politique économique au Trésor. Bâtir une telle structure de « blanchiment de pétrole » a coûté cher au Kremlin. Reste à rendre cet investissement stérile.

100 milliards de dollars pour l’armée

Pendant ce temps, le trésor de guerre de Poutine a été remis à flot. Le déficit russe pourrait bien atteindre l’objectif fixé par Moscou de 2% du PIB, contre les 5 à 6% estimés auparavant.

  • Les revenus du pétrole ont aussi contribué à ralentir la chute du rouble. Celui-ci a dégringolé ces derniers mois jusqu’à atteindre le cap symbolique des 100 roubles pour un dollar.
  • Cette manne d’argent frais, ainsi que d’autres sources de revenus comme le racket des firmes étrangères, permet à Poutine de soutenir son effort de guerre. Il prévoit d’augmenter les dépenses militaires de près de 70 %, pour atteindre les 100 milliards de dollars. Du jamais vu, depuis la dissolution de l’URSS.
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