Le paradoxe de la Suède: l’un des Etat-providence les plus généreux du monde, et un paradis pour les milliardaires

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Les Etats-Unis sont le pays des milliardaires, et selon Forbes, on y trouve les 10 personnes les plus riches de la planète. Cependant, si l’on examine la proportion de milliardaires par rapport à la population totale, c’est Monaco qui arrive en premier (3 milliardaires pour une population de 35.427 personnes, suivi de Saint Kitts and Nevis (1 milliardaire pour 53.051 personnes). Et beaucoup des premiers de la liste sont plutôt des pays où les milliardaires ont choisi de s’établir après être devenus riches, que des pays où ils ont fait leur fortune.

A cet égard, le 12ème pays intrigue, puisqu’il s’agit de la Suède, un pays politiquement de gauche, où l’on compte 14 milliardaires pour 9,56 millions de personnes. Même si les milliardaires suédois ne se rapprochent pas en niveau de fortune d’un Bill Gates ou d’un Warren Buffett, ils restent tout de même bien classés au plan mondial. Par exemple, Stefan Persson, qui a été longtemps CEO de H&M, et qui en est encore aujourd’hui le président du conseil, est classé 12ème sur la liste de Forbes, avec une fortune estimée à 28 milliards de dollars. Comment l’expliquer ?

Ce n’est pas un paradoxe, en fait, explique Matthew Iglesias de Slate. Il rappelle que les impôts élevés payés en Suède servent à financer des systèmes de santé et éducatifs peu coûteux pour les usagers, une excellente infrastructure de transports publics, et des allocations aux ménages les plus défavorisés. Mais d’un autre côté, cet Etat-providence généreux n’a pas empêcher des chefs d’entreprises de bâtir des empires tels que H&M, Ikea ou Tetra Pak.

Le code des impôts suédois a été réformé de façon importante en 1990 pour favoriser l’accumulation de capital.

✔ Les revenus provenant de placements ne subissent qu’un taux fixe ;

✔ Il n’y a pas d’impôts assis sur la propriété en Suède, et les héritages ne sont pas imposés ;

✔ Le taux de l’impôt société n’est que de 22%.

Le secteur public représente plus de la moitié du PIB, mais il est davantage financé par des taxes assises sur la consommation, que sur les entreprises.

L’économie de la Suède est très peu réglementée, et il est facile d’y créer son entreprise. Des études américaines ont montré que c’était plus la souplesse fiscale d’un pays qui créait un environnement favorable pour les entreprises, qu’un faible niveau de taxation.

Dans beaucoup d’autres pays, des lois visent à empêcher les entreprises à devenir trop grosses, au point de devenir monopolistiques. Iglésias cite pour illustration le projet de loi qui interdirait la livraison gratuite des livres en France, et qui vise à protéger les petites librairies de la concurrence d’Amazon.

Bien sûr, les entreprises protégées par de telles mesures protectionnistes ne peuvent qu’y être favorables, mais laisser les meilleures entreprises se développer et grossir est ce qui crée à la fois les grosses fortunes et la possibilité d’une prospérité qui peut profiter à tous. « Et lorsque ces paramètres sont en place, même des impôts élevés et les avantages sociaux élevés d’un Etat-Providence généreux n’empêchent pas les grands hommes d’affaires de bâtir de grandes entreprises, ou même d’amasser de grandes sommes d’argent », conclut Iglesias. 

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