En avril, les États-Unis ont vu naître plus d’emplois que prévu, selon les chiffres du ministère américain du Travail. Or, un marché du travail tendu pourrait avoir un effet à la hausse sur l’inflation. Qu’est-ce que cela signifie pour la Réserve fédérale ?
Le marché du travail américain continue d’afficher de bonnes performances : la Fed devra-t-elle finalement continuer ses hausses de taux d’intérêt ?
Pourquoi est-ce important ?
La Réserve fédérale suit de près la situation du marché du travail. Tant qu'il ne se refroidit pas, l'inflation ne retombera pas de sitôt vers le niveau souhaité de 2 %. La banque centrale américaine est donc contrainte de poursuivre le resserrement de sa politique monétaire.Dans l’actualité : Aux États-Unis, 253.000 emplois ont été créés en avril. C’est plus que prévu : les économistes planchaient sur une croissance de 180.000 emplois.
- Le taux de chômage s’est établi à 3,4 %. Les économistes s’attendaient à 3,6 %.
- Le salaire horaire moyen, un paramètre clé de l’inflation, a augmenté de 0,5 pour cent sur une base mensuelle, plus que le petit 0,3 pour cent attendu. En glissement annuel, les salaires ont augmenté de 4,4 pour cent. Les économistes s’attendaient à une croissance des salaires de 4,2 %.
- Il est intéressant de noter que, malgré les problèmes du secteur bancaire, 23.000 emplois y ont été créés.
Qu’est-ce que cela signifie pour la Fed ?
Impact sur la politique des taux d’intérêt : Jerome Powell, président de la Réserve fédérale, a rappelé à plusieurs reprises qu’un refroidissement du marché de l’emploi était crucial avant de ralentir la politique de resserrement monétaire.
- La question se pose à présent de savoir si une pause en matière de taux d’intérêt, à laquelle Powell a fait allusion suite à la dernière hausse décidée en début de semaine, est maintenant remise en question. Ce mercredi, il a été décidé de relever les taux d’intérêt de 25 points de base.
- Le président avait alors noté que l’emploi avait fortement augmenté ces derniers mois et que le chômage restait faible.
- Peut-être un point positif pour la Fed : pour le mois de mars, la croissance de l’emploi a été ajustée de 236.000 à 165.000 nouveaux postes, et pour le mois de février de 326.000 à 248.000.
- « La croissance de l’emploi aux États-Unis en avril a été bien meilleure que prévu, même si le rapport contenait des révisions à la baisse notables pour la croissance en février et en mars », a noté Philip Marey, analyste de marché chez Rabobank, dans un premier commentaire à ABM Financial News. « Avec ces chiffres en main, la Réserve fédérale ne semble pas encore avoir atteint son objectif. »
- D’autres experts notent également que le rapport sur l’emploi donnera à la Fed matière à réflexion.
- « Le rapport sur l’emploi, étonnamment solide, montre que les tensions dans le secteur bancaire depuis la faillite de la Silicon Valley Bank n’ont pas encore affecté le marché du travail. Ces chiffres peuvent affecter la confiance des responsables de la Fed dans le fait que les taux d’intérêt sont suffisamment restrictifs et augmenter légèrement les chances d’une nouvelle hausse des taux lors de la réunion de juin », a estimé Anna Wong, économiste en chef chez Bloomberg Economics.
- Elle ajoute toutefois qu’il faudra peut-être un certain temps avant que le resserrement des conditions de crédit ne se répercute sur l’économie réelle. « La Fed en tiendra sans doute compte lors de sa prochaine décision sur les taux d’intérêt », ajoute-t-elle. « Nous nous attendons à ce que les conditions de crédit se resserrent fortement au cours de la seconde moitié de l’année.
- Quoi qu’il en soit, une baisse des taux n’est pas encore d’actualité. Powell a déclaré mercredi qu’il ne s’attendait pas à ce que les taux d’intérêt baissent à court terme. « L’inflation reste trop élevée », a-t-il ajouté.
- La dépréciation monétaire aux États-Unis s’est élevée à 5 % en mars. Il s’agit d’une forte baisse par rapport à février (6 %), mais ce chiffre reste bien supérieur à l’objectif d’inflation de la banque centrale, qui est de 2 % (en moyenne).
MB