D’ici la fin de cette décennie, les producteurs de carburants renouvelables en Europe pourraient produire plus de 1,8 million de tonnes de paraffine synthétique (e-kerosène) par an. Cela contribuera également à réduire les émissions de dioxyde de carbone. C’est ce qui ressort d’un rapport du groupe de réflexion Transport & Environment, fondé sur une analyse des capacités de production prévues de dix-huit fabricants européens d’e-kérosène.
Selon les analystes, la paraffine synthétique, générée par une combinaison d’hydrogène durable et de dioxyde de carbone, offre la possibilité de réduire considérablement l’impact de l’aviation sur le climat.
Des incitations insuffisantes ?
Dans ses nouvelles prévisions, Transport & Environment indique que d’ici le milieu de la décennie, plus de 0,16 million de tonnes d’e-kerosène seront disponibles chaque année pour les compagnies aériennes de l’Union européenne. Cinq ans plus tard, ce volume passera à environ 1,83 million de tonnes.
Ce chiffre représente 3,65% de la demande européenne de carburant. Il pourrait également réduire les émissions annuelles de dioxyde de carbone de 5 millions de tonnes. C’est l’équivalent des émissions de 30.000 vols transatlantiques.
« La nouvelle analyse montre que le marché européen de l’e-kerosène est prêt à passer à la vitesse supérieure, mais les incitations politiques sont insuffisantes pour augmenter encore la production », note Transport & Environment.
« Pour décarboniser l’aviation rapidement et efficacement, les compagnies aériennes devraient avoir un meilleur accès à l’e-kerosène. Ce produit peut être mélangé aux carburants pour avion existants. »
« L’e-kerosène durable est le carburéacteur écologique de l’avenir », souligne Matteo Mirolo, expert en politique aéronautique chez Transport & Environment. « Les décideurs politiques et les compagnies aériennes doivent donc se préparer à une utilisation accrue de ce carburant ».
« L’Europe a ici une occasion sans précédent de réduire l’impact climatique des transports, de créer de nouveaux emplois et de renforcer sa sécurité énergétique, grâce à un besoin réduit d’importer des carburants d’autres régions. »
Sécurité énergétique
Afin de minimiser les émissions de gaz à effet de serre, l’e-kerosène doit remplir deux conditions essentielles. « Tout d’abord, l’hydrogène nécessaire au processus doit être produit en utilisant de l’électricité renouvelable supplémentaire », peut-on lire. « En outre, le dioxyde de carbone de l’atmosphère doit être capturé ».
En juillet de l’année dernière, la Commission européenne a introduit la législation ReFuelEu pour augmenter la part des carburants d’aviation renouvelables en Europe. Il s’agissait d’un certain nombre de niveaux de mélange, ainsi que de délais pour l’augmentation de la proportion d’e-kerosène dans la consommation totale de carburant. Selon Transport & Environment, ces directives ne vont toutefois pas assez loin.
« Aucun objectif n’a été fixé pour l’introduction de l’e-kerosène d’ici le milieu de cette décennie », note le groupe de réflexion. « De plus, même cinq ans plus tard, un niveau de 0,7 % est à peine suggéré. »
« Toutefois, la nouvelle analyse montre qu’un plan plus ambitieux d’au moins 0,1 pour cent d’e-kerosène d’ici le milieu de la décennie et de 2 pour cent cinq ans plus tard est possible. Ce produit remplacerait les biocarburants dérivés de matières premières sans origine durable. »
(JM)