Depuis plusieurs mois, il régnait une incertitude quant à l’identité du véritable dirigeant du PS à Bruxelles. Toutefois, il apparaît qu’Ahmed Laaouej, chef du groupe PS à la Chambre et bourgmestre de Koekelberg, a pris l’avantage.

• Ce n’est ni Rudi Vervoort (PS), l’actuel ministre-président, ni Philippe Close (PS), l’actuel bourgmestre de Bruxelles, qui seront en tête de liste pour la région bruxelloise : ce rôle reviendra désormais à Laaouej, selon les informations du journal Le Soir. Vervoort se contentera de le « soutenir ». L’avenir de Close reste incertain : obtenir une nouvelle écharpe de bourgmestre bruxellois serait un lot de consolation, au mieux. Cependant, étant actuellement vice-président du PS, si Paul Magnette (PS) est promu à d’autres fonctions, Close pourrait se hisser au sommet du parti, avenue de l’Empereur.

• Cette évolution marque la fin d’une lutte de pouvoir. Elle coïncide avec une tendance de longue date à Bruxelles : la section traditionnellement laïque du parti, lié à la franc-maçonnerie et traditionnellement plus enclins à se rapprocher des libéraux, s’oppose de plus en plus à la branche communautaire. Ceci a augmenté l’influence des positions plus en phase avec les électeurs musulmans du PS, notamment sur des sujets tels que le port du voile et l’abattage rituel, créant des tensions avec l’aile laïque du parti.

• La personnalisation de ce conflit s’est manifestée dans un affrontement entre Julien Uyttendaele (PS), fils du célèbre couple formé de Laurette Onkelinx (PS) et de l’avocat Marc Uyttendaele, et Laaouej. Ce dernier a remporté la bataille : Uyttendaele n’est plus candidat aux élections. Son père a décrit Laaouej sur LN24 comme la « personnification d’une politique communautariste » : une critique acerbe.

• Entre-temps, le MR critique depuis longtemps cette démarche du PS et d’Ecolo, qui consiste à privilégier les électeurs d’origine migratoire plutôt que de maintenir des positions de neutralité sur la séparation de l’Église et de l’État. Avec Laaouej potentiellement futur ministre-président, les chances des libéraux francophones d’intégrer la coalition bruxelloise semblent diminuer.

• Par ailleurs, Laaouej laisse un vide au niveau fédéral : en tant que chef de groupe, il exerçait une influence notable. En 2019 et 2020, il a fortement pesé sur son parti en s’opposant résolument à toute tentative de rapprochement avec la N-VA. S’il se concentre désormais uniquement sur Bruxelles, cela représentera un soulagement significatif pour le président du PS, Paul Magnette, qui aura ainsi plus de latitude.

• Magnette, quant à lui, est pleinement engagé en mode électoral. Hier soir sur RTL–TVi, il a affirmé que « la N-VA ne devrait pas présenter de listes électorales en Wallonie, car elles existent déjà sous le nom du MR. Si l’on compare les programmes socio-économiques, ils sont identiques. »