Le « glacier de l’apocalypse » ne tient plus qu’à un fil: le niveau de la mer menacé

Le glacier Thwaites, communément appelé le « glacier de l’apocalypse », n’est pas à l’abri d’un épisode de fonte rapide, selon de nouvelles recherches scientifiques, alors que ce dernier ne tient plus qu’à un fil.  

Ce n’est pas en raison de son impressionnant volume que le glacier Thwaites est surnommé le « glacier de l’apocalypse », mais plutôt du fait qu’il agit comme un tampon entre le réchauffement des mers et la calotte glaciaire beaucoup plus imposante de l’Antarctique occidental. La face de la Terre se verrait radicalement changer s’il venait à s’effondrer.

Large de 112 km et long de 600 km, le volumineux glacier a fondu plus vite que prévu au cours des deux siècles passés que ces dernières années, selon une récente étude dirigée par l’Université de Floride du Sud (USF). Sur base du plancher océanique situé à la lisière du glacier Thwaites, les chercheurs ont déterminé que sa vitesse de fonte avait atteint plus de 2 km par an par le passé, soit le double de sa vitesse actuelle.

A première vue, cela semble être de bon augure puisque cela signifie que la fonte a ralenti au cours des dernières années, mais dans les faits, cela indique surtout que le glacier a subi plusieurs épisodes de fonte rapide et que nous ne sommes pas à l’abri d’un nouvel épisode de ce type. D’autant plus qu’aujourd’hui, avec le réchauffement climatique, sa fonte pourrait être accélérée et entrainer une importante montée du niveau de la mer.

« Le glacier Thwaites ne tient aujourd’hui qu’à un fil, et nous devrions nous attendre à voir de grands changements sur de petites échelles de temps à l’avenir – même d’une année à l’autre – une fois que le glacier se retirera au-delà d’une crête peu profonde dans son lit », a déclaré le Dr Robert. Larter, un géophysicien marin du British Antarctic Survey et auteur de l’étude.

Une montée des eaux de 1 à 3 mètres

Un « petit coup de pied à Thwaites pourrait conduire à une grande réponse », a mis en garde Alastair Graham, le géophysicien marin de l’USF qui a dirigé l’étude. Il estime en effet qu’un tout petit rien pourrait provoquer un nouvel épisode de fonte rapide du glacier, ce qui pourrait faire grimper le niveau des mers de 63 centimètres. Ce qui est déjà important, mais un autre danger, collatéral à la fonte du glacier de l’apocalypse, plane également.

L’effondrement du glacier Twhaites provoquerait la déstabilisation de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental qui pourrait, à son tour, fondre et augmenter le niveau de la mer de 1 à 3 mètres. Or, 40% de l’humanité vit à moins de 100km des côtes, selon les chiffres de l’ONU. La montée des eaux chamboulerait donc la vie de plusieurs centaines de millions de personnes à travers le monde.

L’apocalypse, vraiment ?

La mise en garde du rapport des chercheurs a de quoi effrayer. Pareil pour le petit surnom du glacier de Thwaites. D’ailleurs, celui-ci n’est pas utilisé dans la communauté scientifique pour plusieurs raisons, la principale étant que l’idée d’apocalypse implique que nous sommes déjà condamnés. Or, « ce n’est pas le cas », comme l’a souligné Eric Rignot, spécialiste des sciences de la Terre au Jet Propulsion Laboratory de la NASA, rapporte CNet dans un article qui met justement en garde contre l’utilisation de ce terme.

Par ailleurs, l’utilisation de ce terme peut avoir pour effet néfaste de conduire à l’inaction étant donné qu’il serait déjà trop tard. De plus, cela laisse supposer qu’un seul glacier dans le monde est menacé par l’activité humaine et la combustion d’énergies fossiles, ce qui n’est évidemment pas le cas.

Nous pouvons encore pallier la montée des eaux due à la fonte accélérée des glaciers, y compris Thwaites, mais « le temps presse », a souligné M.Rignot.  

« Thwaites n’est évidemment pas le seul glacier qui compte, mais il est objectivement le glacier le plus préoccupant sur Terre en termes de potentiel à générer de grandes quantités d’élévation du niveau de la mer à l’avenir », a tout de même déclaré Andrew Mackintosh, glaciologue à l’Université Monash.

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