Les États-Unis ont tué vendredi le général de division iranien Qassem Soleimani, fer-de-lance de l’influence militaire croissante de l’Iran au Moyen-Orient et émissaire de la République islamique en Irak, lors d’une frappe aérienne à l’aéroport de Bagdad, ont indiqué le Pentagone et l’Iran.
Les responsables américains, s’exprimant sous couvert de l’anonymat, ont déclaré que Soleimani avait été tué lors d’une attaque de drone. Les Gardiens de la Révolution iraniens ont eux indiqué qu’il avait été tué lors d’une attaque par des hélicoptères américains.
Les groupes paramilitaires irakiens ont par ailleurs déclaré vendredi que trois roquettes ont frappé l’aéroport international de Bagdad, tuant cinq membres des groupes paramilitaires irakiens et deux ‘invités’.
Le commandant de la milice irakienne Abu Mahdi al-Muhandis, un conseiller de Soleimani, a également été tué lors de l’attaque, a annoncé un porte-parole de la milice. ‘Les criminels américains avaient des informations détaillées sur les mouvements du convoi’, a déclaré à Reuters le commandant de la milice locale, Abu Muntathar al-Hussaini.
‘Dissuader les futurs plans d’attaque’
Ces assassinats très médiatisés sont susceptibles de porter un coup de massue à l’Iran, enfermé dans un long conflit avec les États-Unis. Celui-ci s’est déjà fortement intensifié la semaine dernière avec l’attaque de l’ambassade américaine en Irak par des miliciens pro-iraniens suite à un raid aérien américain sur la milice Kataib Hezbollah, fondée par Muhandis.
‘Sur ordre du président, l’armée américaine a pris des mesures défensives décisives pour protéger le personnel américain à l’étranger en tuant Qassem Soleimani’, a déclaré le Pentagone dans un communiqué, peut-on lire dans une dépêche de l’agence Reuters… Alors que le Congrès indique ne pas avoir été mis au courant de l’attaque. ‘Cette frappe visait à dissuader les futurs plans d’attaque iraniens’, a ajouté le Pentagone.
Dans un communiqué, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a toutefois déclaré que l’assassinat de Soleimani renforcerait la résistance contre les États-Unis et Israël dans la région et dans le monde, a rapporté la télévision d’État iranienne.
Escalade de la violence
Le meurtre de Soleimani marque une escalade dramatique dans la ‘guerre de l’ombre’ régionale entre l’Iran et les États-Unis et leurs alliés, principalement Israël et l’Arabie saoudite.
La Quds Force du commandant assassiné, ainsi que ses mandataires paramilitaires stables, du Hezbollah libanais au PMF en Irak, disposent de moyens suffisants pour lancer une riposte multiforme contre ses ennemis.
Les analystes indiquent que l’Iran va probablement réagir avec force à la prise pour cible de Soleimani, dont l’influence s’est étendue à toute la région à la suite de l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis en 2003 et de l’occupation qui a suivi.
Le secrétaire d’État iranien qualifie lui cette action des États-Unis de ‘brutale’ et ‘insensée’. Javad Zarif avertit ainsi que ‘l’assassinat de Soleimani renforcera la résistance contre les États-Unis et Israël.’ L’Iran organisera une session d’urgence pour enquêter sur l’attaque.
Prix du pétrole
L’agence Belga a indiqué que les cours du pétrole ont bondi de plus de 4%, vendredi en Asie, après l’annonce de la mort à Bagdad du général iranien Qassem Soleimani.
Le baril de ‘light sweet crude’ (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en février, a pris 4,3% à 63,84 dollars, dans les échanges électroniques. Le Brent, référence européenne, pour mars, a gagné 4,4% à 69,16 dollars.