À la tête des forces de sécurité aux Émirats arabes unis, le général Ahmed Nasser Al-Raisi est accusé de torture et de détention arbitraire d’opposants au régime émirati. Des accusations qui ne l’ont pas empêché d’être élu président d’Interpol.
L’organisation internationale de police criminelle a un nouveau président : le général Ahmed Nasser Al-Raisi. Une nomination qui est plus que contestable, selon plusieurs observateurs, et ce, même si cette fonction est essentiellement honorifique. Depuis le début, le général était désigné comme le grand favori au poste, malgré les critiques et les accusations de torture dont il fait l’objet.
De nombreuses critiques
Plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme et plusieurs élus européens s’étaient opposés à la candidature du général Al-Raisi, estimant que sa possible élection porterait atteinte à la mission d’Interpol.
Au cours de ces derniers mois, l’homme a fait l’objet de plusieurs plaintes en France, où siège Interpol, ainsi qu’en Turquie, où se tient l’Assemblée générale de l’organisation. Dans l’une de ses plaintes, l’ONG Gulf Centre for Human Rights (GCHR) l’accuse « d’actes de torture et de barbarie » à l’encontre de l’opposant Ahmed Mansoor, détenu depuis 2017 dans des conditions inhumaines.
« Nous sommes profondément convaincus que l’élection du général Al-Raisi porterait atteinte à la mission et à la réputation d’Interpol et affecterait lourdement la capacité de l’organisation à s’acquitter efficacement de sa mission », avaient écrit trois députés européens dont Marie Arena, présidente de la sous-commission des droits de l’Homme, à la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen.
Un poste honorifique
En élisant un homme accusé de torture et de barbarie, Interpol fait à nouveau l’objet de nombreuses critiques. L’organisation est en effet régulièrement pointée du doigt pour son manque de transparence, ses tentatives de manipulation de la part d’États peu démocratiques, et de ses liens douteux avec des associations et des firmes privées, comme le souligne la RTBF.
Le processus décisionnel est tout aussi trouble. Chaque pays dispose d’une voix et l’élection se fait à la majorité simple, à huis clos, mais la liste des prétendants n’est pas rendue publique.
Dans le cas présent, certains pourraient se « consoler » en se disant que le poste auquel le général émirati Al-Raisi a été élu est essentiellement honorifique – même si cela reste contestable. Le véritable homme de pouvoir au sein d’Interpol est en réalité son Secrétaire général, à savoir Jürgen Stock, renommé pour un second mandat de cinq ans en 2019. C’est lui qui assure la gestion des affaires courantes.