Le FMI revoit ses prévisions de croissance: à la hausse pour l’Europe, à la baisse pour la Chine

Zone euro

Le Fonds monétaire international a revu à la hausse mardi sa prévision de croissance en zone euro pour 2021, à la faveur d’une santé meilleure qu’anticipé de la France et de l’Italie.

Dans un rapport publié à l’occasion de ses réunions d’automne, le FMI table désormais sur une croissance de 5% pour l’ensemble de la zone euro, contre seulement 4,6% lors de ses précédentes prévisions en juillet et avant 4,3% attendus l’an prochain.

La zone euro fait plutôt figure d’exception face à plusieurs autres grandes économies pour lesquelles le FMI a abaissé ses prévisions mardi, même si ces dernières bénéficient de niveaux d’activité souvent supérieurs.

  • Le FMI attend ainsi 6% de croissance cette année aux Etats-Unis (-1 point), 8% en Chine (-0,1) ou 6,8% au Royaume-Uni (-0,2 point).

« Après un premier trimestre très difficile lié principalement à la pandémie, la zone euro a rebondi très fortement à mesure que les restrictions de déplacements changeaient », a relevé mardi le président de l’Eurogroupe, l’irlandais Paschal Donohoe, dans le cadre des réunions du FMI.

Parmi les pays européens qui devraient afficher une performance meilleure que prévu auparavant figure la France: après une très lourde récession en 2020, le FMI y anticipe 6,3% de croissance cette année (+0,5 point). Pour 2022 en revanche la prévision est revue à la baisse, à 3,9% (-0,3 point).

L’Italie a aussi vu les prévisions du FMI pour cette année augmenter de 0,9 point pour passer à 5,8%.

A l’inverse, la croissance de Allemagne est rétrogradée à 3,1% (-0,5 point), sous l’effet des perturbations liées aux pénuries et affectant l’industrie. Le FMI table en revanche sur 4,6% (+0,5 point) l’an prochain.

Le Fonds se veut par ailleurs relativement rassurant concernant l’inflation, très surveillée dans le contexte d’un resserrement attendu de la politique de la BCE et qui vient de dépasser en septembre son plus haut niveau depuis treize ans à 3,4%.

Comme pour d’autres économies avancées, le FMI s’attend à ce qu’elle revienne « probablement à des niveaux pré-pandémie d’ici à la mi-2022 ». Pour l’heure, il anticipe 2,1% d’inflation cette année en moyenne dans la zone euro, et 1,8% l’an prochain.

Chine

Le FMI a revu à la baisse mardi ses prévisions de croissance pour la Chine cette année et la suivante, évoquant des investissements publics moindres et des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement.

Cette année, la seconde économie mondiale devrait voir son produit intérieur brut (PIB) progresser de 8% seulement, selon les prévisions économiques mondiales du Fonds monétaire international.

Même s’il s’agirait du rythme le plus rapide depuis 2011, cette prédiction est en baisse par rapport aux précédentes prévisions du FMI en juillet, qui tablaient sur une croissance de 8,1%.

Pour 2022, le Fonds mise sur une croissance de 5,6%, soit 0,1 point de moins également par rapport à ses prévisions précédentes.

« Après une forte relance budgétaire l’an dernier » pour soutenir la reprise après la crise sanitaire, « un resserrement significatif » des dépenses de Pékin est attendu dès 2021, souligne le FMI.

Les investissements publics, notamment dans les infrastructures, ainsi que l’immobilier, ont servi de locomotive à la croissance en Chine lorsque l’économie était à la peine.

Mais les déboires d’Evergrande et une éventuelle faillite de ce géant de l’immobilier inquiètent les économistes.

En conséquence, plusieurs banques internationales ont récemment abaissé leurs prévisions pour le PIB chinois: Goldman Sachs ne prévoit plus que 7,8% pour 2021 et Nomura 7,7%.

Evergrande, qui croule sous une dette de 260 milliards d’euros, peine à honorer ses engagements. Un défaut de paiement pourrait se traduire par un fort ralentissement des secteurs de l’immobilier et du bâtiment, et in fine de l’économie en général.

La Chine connaît en outre ces dernières semaines des coupures de courant qui ont entraîné des fermetures totales ou partielles d’usines, pénalisant la production et les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Les raisons en sont multiples mais principalement liées à la forte dépendance du géant asiatique au charbon, lequel assure 60% de sa production électrique.

La Chine avait été l’an dernier la seule grande économie à enregistrer une croissance positive (2,3%), en dépit de la crise sanitaire qui plombait l’économie mondiale.

Le pays s’est largement remis du choc initial de la pandémie dès le printemps 2020, mais de petits foyers sporadiques de Covid-19 perturbent occasionnellement l’activité.

Officiellement, le gouvernement chinois vise un objectif de croissance d’au moins 6% cette année — un chiffre bien plus modeste que les prévisions du FMI et que Pékin devrait atteindre facilement.

Le Fonds met toutefois en garde contre les tensions géopolitiques entre Pékin et Washington qui pourraient peser sur la reprise mondiale car la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump en 2018 n’a pas été stoppée par son successeur Joe Biden.

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