Uniper, le plus grand importateur de gaz d’Allemagne, flirte avec la faillite et demande l’aide du gouvernement fédéral. La société n’est plus en mesure de compenser la baisse des approvisionnements en gaz en provenance de Russie par des quantités achetées sur le marché au comptant. Une éventuelle faillite affecterait des centaines de services publics communaux et de fournisseurs d’énergie.
La menace d’une faillite entraînant un effet domino sur l’ensemble du marché énergétique allemand est de plus en plus grande. Uniper a tiré la sonnette d’alarme mercredi soir, annonçant qu’elle avait demandé à l’État un plan de sauvetage.
« Nous discutons avec le gouvernement de mesures de stabilisation, pour lesquelles divers instruments sont possibles », a déclaré le groupe dans un communiqué. Il n’exclut pas une nationalisation partielle.
Les difficultés de l’entreprise sont directement liées à la chute brutale des approvisionnements en gaz russe au cours des dernières semaines. Le groupe y est particulièrement sensible car 54% des volumes qu’il achète proviennent de Russie. Sur ce quota, l’entreprise énergétique ne reçoit que 40% des flux qu’elle a déjà promis à ses clients. Pour approvisionner ces clients, Uniper doit donc acheter les quantités manquantes sur le marché au comptant, dont les prix ont explosé.
« Un effet Lehman Brothers dans le système énergétique »
Le temps presse, car la menace d’un « effet Lehman Brothers dans le système énergétique », évoquée par le vice-chancelier Robert Habeck la semaine dernière, pèse sur tous les acteurs du secteur. La capitalisation boursière d’Uniper a chuté de plus de 40 % en un mois. RWE, le concurrent allemand d’Uniper, a perdu 5,5 % dans l’après-midi de jeudi, tandis que le cours de l’action de la société française Engie a chuté de plus de 4 %. Les deux entreprises soulignent toutefois que leur situation est très différente de celle d’Uniper.
(JM)