Le défi RH du futur : des travailleurs âgés de 100 ans

Dans les prochaines décennies, nous serons quasiment tous centenaires, et certains d’entre nous atteindront même l’âge vénérable de 150 ans. Cela implique que la carrière professionnelle se prolongera bien au-delà de l’âge de 70 ans, et même parfois au delà de 100 ans, affirment des chercheurs de l’Université d’Oxford et de Pearson. Une telle carrière pose des défis en matière de ressources humaines et d’éducation, avertissent-ils.

Selon le professeur David Sinclair, un biologiste moléculaire qui effectue des recherches dans le département de génétique à la Harvard Medical School, la première personne qui vivra 150 ans est déjà née.  “Un enfant né aujourd’hui aux États-Unis a 50 % de chances d’atteindre l’âge de 104 ans. Certains vivront bien plus longtemps”, dit-il.

Un élixir de jouvence

L’année dernière, lui et son équipe ont découvert ce qui pourrait être un véritable élixir de jouvence, une coenzyme appelée nicotinamide adénine dinucléotide (NAD), présente dans toutes les cellules vivantes, et capable d’inverser le processus de vieillissement des muscles de souris et d’améliorer la croissance cellulaire, qui se dégrade avec le processus de vieillissement. Ainsi, il serait possible de remédier aux dégradations de l’ADN liées au vieillissement et à la radiation.

L’équipe du professeur Sinclair a en effet identifié le rôle de la molécule nicotinamide mononucléotide (NMN), qui favorise la réparation de l’ADN des cellules. L’administration de ce composé à des souris transformait leurs cellules de façon spectaculaire, passant de l’équivalent pour un humain de cellules de 60 ans à des cellules de 30 ans. 

Les résultats sont si prometteurs que des essais cliniques sur les humains sont actuellement menés. La NASA travaille également avec Sinclair, car le NMN pourrait permettre aux astronautes en mission de longue durée de se protéger du rayonnement cosmique et des particules à haute énergie qui peuvent causer des dégâts irréversibles sur l’organisme.

On ne sait pas quel est l’âge maximum humain

Pour Sinclair, l’arrivée d’un traitement contre le vieillissement n’est plus qu’une question de temps. “Nous sommes très bons pour protéger le corps contre les maladies cardio-vasculaires et les gens vivent plus longtemps, mais leur cerveau vieillit toujours au même rythme (…) et c’est pour cela que nous avons une épidémie de démence sénile (…). C’est pour cela que nous devons travailler sur le vieillissement et le processus de dégradation du corps entier », dit-il.

En fait, d’autres chercheurs affirment même que nous ne savons pas quel pourrait être l’âge maximum qu’un être humain pourrait atteindre.

Le vieillissement inéluctable du marché du travail

Ces conclusions posent la question de l’adaptation du marché du travail, qui sera composé pour une partie toujours plus grande de personnes très âgées.

 » Cela signifie que l’arc de nos vies doit être réexaminé. Les emplois de l’avenir seront pourvus par des personnes dynamiques en bonne santé de plus de 75 ans, peut-être dans le cadre de travail d’utilité publique (comme mon père de 78 ans) ou seulement pour donner un coup de main à la famille. Les femmes pourront avoir des enfants au cours de leur quarantaine grâce à de nouvelles technologies, ce qui leur permettra de retarder le moment où elles fondront une famille « , poursuit le professeur Sinclair.

Or, une masse de travailleurs plus vieux risque de compliquer la donne d’un avenir déjà promis comme morose en raison de l’automatisation et des salaires stagnants qui risquent de l’accompagner.

Les défis de la formation

Pour les responsables des ressources humaines, les défis posés seront nombreux. Il faudra trouver un juste milieu entre les idées nouvelles des jeunes travailleurs, et l’expérience acquise des anciens. De plus, les travailleurs devront probablement exercer plusieurs professions dans leur carrière, ce qui pose la question du contenu de leur formation initiale.

« Comment pourrons-nous préparer une personne en 16 ans pour une carrière de 100 ans ? »  se demande Amar Kumar  de Pearson, dans Axios.

L’équipe des chercheurs s’est posée la question des connaissances qu’un élève devrait apprendre aujourd’hui pour se préparer à une carrière aussi longue. Ils sont parvenus aux conclusions suivantes :

Les étudiants de l’avenir devront accumuler des connaissances approfondies, ainsi que des compétences. Savoir effectuer une recherche sur Internet ne suffira plus. « Vous aurez besoin de la connaissance, pour pouvoir vous fonder dessus pour apprendre de nouvelles choses », explique Kumar.

L’enseignement de matières techniques (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) sera nécessaire, mais il faudra aussi lui associer des matières à caractère social, comme la psychologie ou l’anthropologie.

Il sera probablement nécessaire de retourner régulièrement à l’école tout au long de sa carrière pour rafraîchir les connaissances et en acquérir de nouvelles.

10 compétences obligatoires

Selon l’étude menée par les chercheurs de Pearson et d’Oxford, les 10 compétences qu’un enfant né aujourd’hui devrait obligatoirement apprendre pour s’adapter au contexte de demain sont les suivantes :

  • stratégies d’apprentissage
  • psychologie
  • enseignement
  • perspicacité sociale
  • sociologie et anthropologie
  • éducation et formation
  • coordination
  • originalité
  • fluidité des idées
  • apprentissage actif.
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