Le scénario de ces derniers jours se confirme: une extension du gouvernement de Sophie Wilmès (MR) vers un gouvernement d’urgence. Il a le soutien du PS et des Verts. Mais l’erreur de la Vivaldi semble se répéter: le CD&V est poussé dans ses derniers retranchements, et n’est pas disposé à céder. La pression est toutefois maximale sur leurs épaules.
Le duo de missionnaires Partick Dewael (Open VLD) et Sabine Laruelle (MR) tient son scénario: la transition d’un gouvernement en affaires courantes vers un gouvernement d’urgence. Il nous revient que les discussions sont très avancées, mais qu’un tel scénario se heurte toujours au choix du CD&V.
Une date est même avancée: ce vendredi. L’intention est de passer le flambeau à l’actuelle Première ministre. Feu vert du côté libéral, des Verts, mais aussi du PS.
Ce scénario à l’avantage de pousser le CD&V, actuellement dans le gouvernement Wilmès, face à un choix: sortir du gouvernement en affaires courantes ou accepter ce gouvernement d’urgence. Avec la pression des enjeux économiques en chape de plomb. La N-VA serait donc laissée sur le carreau.
Coronavirus
Outre les pressions budgétaires, la crise du coronavirus s’est invitée dans les négociations. Il ‘est temps de prendre ses responsabilités’. Dewael et Laruelle veulent ‘profiter’ de cette crise, surtout économique, pour forcer une coalition au fédéral. ‘Construire des ponts, plutôt que des fronts’, la rhétorique est prête.
- Autres éléments qui favorisent ce scénario: la répartition des postes. En prolongeant le gouvernement Wilmès, les négociations de postes sont facilitées. Plus question par exemple qu’une Gwendolyn Rutten entre dans l’exécutif.
- Le MR obtiendra ce qu’il recherche depuis longtemps: les postes de Première ministre, sans oublier Didier Reynders à la Commission et Charles Michel au Conseil européen, difficile de faire mieux pour les libéraux. Une source nous dit que le poste de Premier ministre ‘reste ouvert’, mais si Sophie Wilmès reçoit l’initiative, le plan parfait se mettra en place.
- Agir maintenant permettrait aussi d’avancer sans attendre le renouvellement à la tête de l’Open VLD et d’une possible nomination d’Egbert Lachaert.
Mêmes erreurs ?
Ce plan parfait se heurte encore et toujours au choix du CD&V. Jusqu’ici, pousser les démocrates-chrétiens dans leurs derniers retranchements n’a jamais fonctionné.
- Preuve en est avec cette réaction de Pieter De Crem (CD&V) au micro de Radio 1 ce matin: ‘ Je n’ai aucune indication qu’il y aura une quelconque déviation de notre position’ ou encore ‘les préoccupations économiques d’Ecolo et du PS sont à mille lieues de nos préoccupations économiques’.
- C’est reparti pour un tour ? De Crem n’a pas le monopole des positions au sein du CD&V. Si Crevits défend la ligne PS/N-VA, Joachim Coens, qui prend de plus en plus de place, veut laisser toutes les options ouvertes. Le troisième côté de ce triangle est bien sûr Koen Geens. Au bureau de parti lundi, le ministre de la Justice semblait toujours sur la même ligne que Crevits.
- Mais il ressort que le parti est plus divisé qu’il ne le dit. Et Koen Geens n’aurait pas tout à fait enterré l’idée de devenir Premier ministre. Mais officiellement, Joachim Coens propose toujours une sorte de coalition miroir, peu importe le nom qu’il lui donne (coalition Corona), et cette idée se heurte à Ecolo principalement et au PS. Bref, on tourne en rond.
- Et le sp.a là dedans ? Les socialistes flamands ne peuvent s’accorder avec certaines mesures de la défunte suédoise. Et puis le plan com’ reste le même: ne pas entrer dans une coalition où ils ne sont pas nécessaires. Et si le CD&V est d’accord, ils ne seront de facto pas nécessaires dans un gouvernement d’urgence.
Les à côté…
- Du côté de la N-VA, on n’abandonne pas l’idée d’accéder à un gouvernement fédéral. Francken a fait une nouvelle sortie ainsi que De Wever à l’invitation du VOKA. Il a pris en exemple ce qui se fait en Scandinavie et notamment en Suède: ‘Plus que jamais, je crois que nous devons continuer à défendre et poursuivre ces réformes (de la suédoise). Nous devons renforcer davantage notre compétitivité et rendre le travail dans ce pays encore plus attrayant. Pour chaque point de pourcentage d’emploi supplémentaire, nous gagnons 1,5 milliard d’euros. Si nous devions égaler le taux d’emploi suédois (pays), ce qui est malheureusement encore une utopie dans ce pays aujourd’hui, nous aurions un excédent de plus de 10 milliards.’
- Le dossier autour de l’IVG vient mettre son grain de sel et est un nouveau point de tension entre démocrates-chrétiens, défavorables à un allongement de la durée de 14 à 18 semaines, et les socialistes entre autres, qui veulent faire entrer un vigueur une telle mesure dès maintenant. Une décision du Conseil d’État, favorable au rallongement, a précipité les choses. Mais ce qui est un élément de tension pourrait-il être mis dans la balance pour faciliter une coalition ? Un deuxième avis pourrait être demandé au Conseil d’État.
- Le budget: PTB/PVDA et VB ont mis la pression en octobre dernier pour faire voter un amendement sur le budget qui permettait d’augmenter les dépenses de 400 millions d’euros à destination du personnel infirmier. Un amendement soutenu par le PS, le sp.a, Ecolo et Groen à l’époque. Ce qui n’a pas plu au gouvernement. Nouvelle pression ces derniers jours des deux partis aux extrémités pour descendre la TVA sur l’électricité à 6%. Coût de l’opération: 600 millions d’euros. Mais le ministre Clarinval (MR) ne veut plus jouer avec le budget et appel à l’arrêt des pressions parlementaires.
En conclusion, si on peut en faire une, c’est que la pression est plus forte que jamais sur les épaules du CD&V. Car un dilemme lui sera proposé. Et que les autres acteurs de la pièce semblent tous d’accord.
Mais en répétant les mêmes erreurs – mettre le CD&V dos au mur – les acteurs de cette pièce interminable pourront-ils s’arrêter de tourner en rond ? Rideau !
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