Que ce soit en bien ou en mal, on en fait beaucoup sur l’IA, depuis l’apparition remarquée de ChatGPT, le chatbot d’Open AI. Les possibilités de l’IA sont certainement infinies, mais il ne faut pas aller trop vite non plus.
Dans l’actu : Yann LeCunn, responsable scientifique de l’IA chez Meta, calme le jeu.
- Interrogé en marge de la conférence VivaTech qui se déroule actuellement à Paris, le spécialiste a relativisé l’intelligence de l’IA générative, basée sur des modèles de langage. « Ces systèmes sont encore très limités, ils n’ont aucune compréhension de la réalité sous-jacente du monde réel, parce qu’ils sont uniquement formés sur du texte, des quantités massives de texte », a déclaré LeCun, dont les propos ont été repris par CNBC.
- Les chatbots comme ChatGPT donnent l’impression de tout connaitre et de dialoguer avec leur interlocuteur de manière humaine. Mais dans les faits, il ne s’agit « que » d’une agrégation d’une quantité phénoménale de textes.
- « La plupart des connaissances humaines n’ont rien à voir avec le langage… cette partie de l’expérience humaine n’est donc pas prise en compte par l’IA », ajoute l’expert. « L’IA générative peut réussir le Barreau aux États-Unis, mais elle est incapable de charger un lave-vaisselle, ce qu’un enfant de 10 ans peut apprendre en 10 minutes. »
- « Cela montre qu’il nous manque quelque chose de vraiment important… pour atteindre non seulement une intelligence de niveau humain, mais même une intelligence de chien », a conclu M. LeCun.
- Le chercheur fait aussi référence à la perception : un bébé de cinq mois ne fera pas beaucoup attention à un objet qui tourne autour de sa tête. Un bébé de neuf mois, par contre, se rendra compte qu’un objet ne devrait pas flotter tout seul dans les airs.
- Selon LeCun, nous n’avons « aucune idée de la manière de reproduire cette capacité avec des machines aujourd’hui. Tant que nous n’y parviendrons pas, nous n’aurons pas une intelligence de niveau humain, ni du niveau d’un chien ou du niveau d’un chat. »
Aussi : les robots combinés à l’IA sont-ils une menace ?
- Le spécialiste voit bien plus de dangers dans le risque de catastrophes climatiques ou de guerres ouvertes que dans les robots.
- À terme, LeCun pense qu’il y aura des machines plus intelligentes que les humains, mais que cela ne devrait pas être considéré comme un danger : « Nous ne devrions pas considérer cela comme une menace, mais comme quelque chose de très bénéfique. Chacun d’entre nous disposera d’un assistant IA […] qui sera comme un employé plus intelligent que nous pour nous aider dans notre vie quotidienne », a déclaré le spécialiste de Meta.
- Il ne faut pas trop s’en faire : « Une crainte popularisée par la science-fiction est que si les robots sont plus intelligents que nous, ils voudront s’emparer du monde… Mais il n’y a pas de corrélation entre l’intelligence et la volonté de s’emparer du monde », estime le chercheur.
Le contexte : les mises en garde se multiplient alors que la machine à réguler européenne resserre son étau.
- On est mangé à toutes les sauces avec l’IA. C’est devenu un sujet quotidien dont on parle presque autant que la guerre en Ukraine, par exemple.
- Justifié ? En tout cas, les mises en garde se multiplient, que ce soit des spécialistes du secteur, du monde politique ou du monde des affaires, face « au risque d’extinction de l’humanité », rien que ça.
- Certains sortent du bois pour nous amadouer, d’autres pour gagner du temps ou d’autres encore pour relativiser.
- Pour le moment, le plus gros problème de l’IA n’est pas le danger qu’elle représente pour nous, mais ce qu’elle coûte : un prix qui pourrait freiner son développement.
- L’Europe, elle, fait ce qu’elle sait faire de mieux : réguler. Elle vise à créer la première loi globale entourant l’IA. Ce n’est sans doute pas une mauvaise idée d’encadrer l’IA. Mais on aimerait aussi parfois que l’Europe innove. Après avoir laissé la révolution internet aux États-Unis, elle est en passe de rater un nouveau tournant technologique.