Le Privilegie der Visscherie accordait le droit à 50 bateaux flamands de pêcher dans les eaux britanniques. Signé en 1666, ce traité est aujourd’hui menacé par le Brexit.
Trois siècles avant que la Grande-Bretagne n’adhère à l’Union européenne, le roi Charles II accorda à la ville de Bruges le droit de pêcher à perpétuité dans ses eaux. Pour rappel, la Belgique n’existait pas encore (1830).
Depuis, le port de Bruges a perdu de sa superbe. Le port actuel de Zeebruges est largement dépassé par le port d’Anvers. Le Continent a également divisé son territoire en zones économiques exclusives (ZEE), et une politique de pêche commune a été mise sur pied.
Mais la perspective d’un no-deal sur le Brexit a fait ressortir des tiroirs le poussiéreux traité. Sans accord, dès le 1er janvier, les bateaux étrangers seront priés de mettre les voiles dans les eaux poissonneuses britanniques, jusqu’à 200 milles marins des côtes. Constatant le blocage des négociations, l’ambassadeur belge auprès de l’Union européenne (UE), Willem van de Voorden, a rappelé le privilège accordé ‘à vie’ du vieux parchemin de 1666.
50% des prises flamandes
L’anecdote pourrait faire sourire. Mais le sujet est en fait très sérieux. La pêche dans les eaux britanniques représente 650 millions d’euros par an à l’échelle de l’Union. En Flandre, la moitié des prises des pêcheurs en dépend. Pour le Royaume-Uni, c’est beaucoup plus symbolique, la pêche ne représente que 0,1% de son économie.
Or le Royaume-Uni a déjà annoncé son intention de réviser sa politique de pêche. Elle accordera au cas par cas des droits d’accès à sa ZEE. Est-ce que le vieux traité pourra jouer? La Flandre tente sa chance.