Le « boucher de Téhéran » a refusé de donner ses empreintes digitales à la Belgique, mais il a quand même obtenu un visa

Le maire de Téhéran, Alireza Zakani, surnommé le « boucher de Téhéran » pour son rôle sanglant dans le régime et l’oppression de son peuple, a été autorisé à entrer dans notre pays sans donner ses empreintes digitales.

  • Alors que la discussion sur les performances bancales de la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib (MR) se poursuit à la Chambre des représentants, de nouveaux éléments ne cessent d’émerger dans le dossier. Il ne s’agit plus vraiment de savoir qui a la « responsabilité politique » initiale entre Lahbib et Smet.
  • L’attention se porte de plus en plus sur les derniers jours du processus, avec une délégation de pas moins de 14 personnes qui ont obtenu des visas à la hâte. Car il y a des éléments très sérieux qui ressortent. Les parlementaires ont pu consulter les échanges entre les cabinets dans l’hémicycle, et plusieurs sources ont signalé des « situations problématiques » et des « incohérences » dans la chronologie des faits.
  • Plus frappant encore, le maire de Téhéran, Alireza Zakani, a refusé de donner ses empreintes digitales. C’est pourtant normalement nécessaire pour obtenir un visa. Il a fait valoir qu’il était « un membre du gouvernement« . Notre pays s’y est plié : l’homme n’a finalement jamais donné ses empreintes digitales. Par la même occasion, la Belgique a aussi implicitement accepté l’entrée d’un « membre du gouvernement » de l’Iran sur son territoire.
  • En outre, les échanges d’e-mails montrent que le 8 juin, jour où les visas ont été délivrés, il y avait encore plusieurs red flags en suspens. Ainsi, l’ambassade de Téhéran envoie un e-mail à Bruxelles à 14h08 : « Il semble que l’Office des étrangers ne soit pas d’accord« . Celui-ci veut savoir si ce maire est connu, et il aimerait voir les lettres d’invitation de ces 13 membres, car « ils ne les ont pas ».
  • La réponse à 15h10 du service à Bruxelles du ministère des Affaires étrangères qui délivre les visas, le « C4 », est claire : « Dans ces circonstances, il n’y a pas lieu de délivrer les visas« .
  • Mais voilà que le cabinet Lahbib prend le relais, contacte le cabinet Smet pour obtenir les lettres d’invitation des 13 membres. Le cabinet Smet confirme que les 13 sont bien inscrits à la conférence. À 17h14, le cabinet Lahbib donne l’autorisation de délivrer des visas aux 13 membres de la délégation iranienne. Cela sera donc fait à 20h45.
  • Seulement, là encore, seuls 7 membres de la délégation ont été invités, et seules 7 lettres de soutien ont été signées. Il a été décidé d’inviter les 13 sans vérification. Pire encore : un 14e membre a même été ajouté par la suite. On peut donc se demander comment, en l’espace de quelques heures, les procédures ont été à ce point manipulées entre le ministère des Affaires étrangères et le cabinet Lahbib.
  • Les Affaires étrangères sont entre-temps bien conscientes que toute la procédure n’a pas été correcte. C’est prouvé par un autre échange de courriels : « Il vaut peut-être mieux conserver cette conversation dans vos archives« .

(OD)

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