L’après-Poutine : son successeur pourrait-il s’avérer encore plus dangereux ?

Politico s’est livré à un jeu aussi ludique que morbide : deviner qui pourrait succéder à Vladimir Poutine, en misant sur ses chances d’accéder au trône et le danger que le candidat pourrait représenter en termes d’attaque nucléaire. Avec une échelle de risque de 1 à 5. De nombreux observateurs voient la fin de règne de Poutine comme unique échappatoire à la guerre en Ukraine. Pour le meilleur ou pour le pire.

  • Si Poutine devait choisir un successeur…

Le super-espion – Nikolaï Patrouchev

Chances de succès : 3/5
Risque nucléaire : 4/5

C’est sans doute celui que Poutine choisirait pour lui succéder. Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité, est un septuagénaire qui a précédemment dirigé le FSB entre 1999 et 2008, et qui est considéré comme l’un des conseillers les plus proches de Poutine, ainsi que le cerveau de nombre de ses décisions militaires. Si Poutine meurt pendant sa présidence, il y a de fortes chances que Patrouchev devienne son successeur.

Il est clair que Patrouchev a une grande influence sur le président. Il le nourrit des histoires apocalyptiques les plus négatives, sur les conspirations et les possibles tentatives d’assassinat.

Si Patrouchev devenait effectivement président, la Russie n’en serait pas moins dangereuse. Il est totalement opposé à tout rapprochement ou collaboration avec l’Occident et est connu pour son idéologie d’extrême-droite. Pour lui, tout tourne autour de la guerre. L’historien et expert russe Mark Galeotti le décrit comme « l’homme le plus dangereux du Kremlin ».

Le laquais : Dimitri Medvedev

Chances de succès : 2/5
Risque nucléaire : 2/5

La confiance qu’accorde Vladimir Poutine à Dimitri Medvedev vient de loin. Medvedev a fait des études d’avocat avant d’être sollicité par le maire de Saint-Pétersbourg, Anatoly Sobchak, comme conseiller à la commission des affaires étrangères de l’administration municipale. À la tête de ce comité se trouvait un autre des apprentis de Sobtchak : Vladimir Poutine.

C’est le début d’une amitié étroite, que Poutine a également traduite sur le plan professionnel : lorsqu’il est devenu président, il a nommé Medvedev à la tête de l’administration présidentielle. Il est ensuite devenu directeur de campagne du président lors de sa réélection. En 2003, Medvedev est monté d’un cran en remplaçant Alexandre Volochine au poste de chef de cabinet du président.

Lorsque de nouvelles élections présidentielles ont eu lieu en 2008, et que Poutine n’a pas été autorisé à y participer (il avait déjà servi deux mandats consécutifs), il a proposé Medvedev comme son successeur. Medvedev a remercié son ami et lui a donné le poste de Premier ministre. Tout le monde était d’accord pour dire que Poutine était le président fantôme à l’époque, et Medvedev n’avait qu’à suivre les ordres.

Lorsque Poutine est revenu à la présidence en 2012, Medvedev a continué à se tenir à ses côtés en tant que Premier ministre. Lorsque le président a proposé des changements constitutionnels le 15 janvier 2020, Medvedev a proposé de démissionner de son gouvernement. Il s’est ensuite vu confier le poste de vice-président du Conseil de sécurité nationale : toujours un rôle de haut rang au sein de l’appareil gouvernemental russe. Mais il s’agit néanmoins d’un cran en dessous du poste de Premier ministre, c’est pourquoi il n’a pas la faveur des pronostics.

Politico cite parmi les autres candidats, Alexeï Dioumine : loyal, militaire de haut vol, qui selon la légende a sauvé Poutine d’une attaque d’ours (2/5 et 3/5). Et Dimitri Patrouchev : jeune (44 ans), fils du premier de cette liste, et ministre de l’Agriculture. Il pourrait rêver d’autre chose que d’une guerre nucléaire totale (1/5 et 1/5).

  • Si Poutine devait être assassiné ou mis de côté…

Le plus probable – La Troïka

Chances de succès : 4/5
Risque nucléaire : 2/5

Précisons-le d’emblée. Le dernier dirigeant russe à avoir été assassiné est le tsar Alexandre II en 1881. Ni Lénine, ni Staline ou leurs successeurs n’ont eu cet « honneur » et sont morts de cause naturelle.

Deux dirigeants russes ont toutefois été contraints de quitter leurs fonctions : Nikita Khrouchtchev en 1964 et Mikhaïl Gorbatchev en 1991, après la chute de l’Union soviétique.

Il est possible que la succession de Poutine s’organise autour d’une direction collective, comme après la mort de Staline. Que ce soit du côté de l’élite économique (opposée à la guerre), des opposants en interne, même s’ils se font particulièrement discrets en ce moment, ou encore des représentants des ministères et du Conseil de sécurité.

Politico cite encore le Premier ministre Mikhail Mishustin, qui selon la Constitution est le successeur « temporaire » d’un président en incapacité d’assurer sa fonction (1/5 et 2/5). Et Sergei Sobyanin, le maire de Moscou (1/5 et 2/5).

  • Si Poutine devait être évincé par les militaires

Le boucher de Marioupol – Mikhaïl Mizintsev

Chances de succès : 1/5
Risque nucléaire : 3/5

En Russie, il n’y a pas de tradition de coups d’État militaires. Mais le nom de Mizintsev résonne. C’est lui qui a dirigé le siège dévastateur au cours duquel plus de 20.000 civils sont morts avant la chute de la ville portuaire en mai. Il vient d’être promu vice-ministre de la Défense chargé de la logistique. Il est celui sur lequel Poutine compte pour renverser la situation sur le terrain.

Sauve-qui-peut – Ramzan Kadyrov

Chances de succès : 1/5
Risque nucléaire : 5/5

Le Tchétchène Ramzan Kadyrov n’est certainement pas le candidat le plus probable, mais il est certainement le plus dangereux. Celui qui se qualifie lui-même de « fantassin de Poutine » est l’un des partisans les plus en vue de la guerre de la Russie en Ukraine. Mais ses troupes se sont toutefois mieux comportées sur TikTok que sur le front.

Il est plus probable que le dictateur, en cas de chute de Poutine, cherche plutôt à obtenir plus d’indépendance pour sa Tchétchénie que de s’ériger en chef. Pour la simple raison qu’il est majoritairement détesté par les Russes.

Politico cite aussi « le mercenaire » Yevgeny Prigozhin, oligarque de 61 ans qui dirige l’armée secrète Wagner.

  • Si la Russie connaissait une révolution…

On peut toujours rêver, mais les opposants Alexei Navalny, empoisonné et toujours emprisonné, ou encore l’exilé Mikhail Khodorkovsky, sont des possibilités. Les deux critiquent farouchement le régime de Poutine et s’opposent ouvertement à la guerre. Ils n’ont pas la faveur des pronostics…

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