« Si on tombe en récession, on entraîne toute l’Europe dans notre chute »: l’Allemagne répond à ceux qui l’accusent d’être égoïste

« Si l’Allemagne connaissait une profonde récession, le pays entraînerait toute l’Europe dans sa chute », a déclaré Robert Habeck, vice-chancelier d’Allemagne.

Le mois dernier, le chancelier allemand Olaf Scholz a dévoilé un programme d’aide à l’énergie de 200 milliards d’euros sans consulter ses partenaires européens. Cela a suscité des critiques de la part des autres pays d’Europe, qui ont qualifié l’approche allemande d' »égoïste ». Certains États membres de l’UE ont souligné que cela pourrait « fausser le marché intérieur ». Le vice-chancelier Habeck vient de répondre à ces accusations.

« Nous ne sommes pas égoïstes, nous essayons de stabiliser une économie au cœur de l’Europe », a déclaré Robert Habeck dans une interview accordée au Financial Times. « Si l’Allemagne devait connaître une profonde récession, elle entraînerait toute l’Europe dans sa chute. »

Action -> réaction

L’ensemble des mesures d’aide, financées par de nouveaux prêts, sert de « frein au prix du gaz » sur les coûts énergétiques, tant pour les entreprises que pour les ménages. Ce faisant, le chancelier Olaf Scholz a parlé d’un « double ka-boom ». Une déclaration qui n’a pas été bien accueillie par les autres pays européens.

Dans un article d’opinion publié dans l’Irish Times, les commissaires européens Thierry Breton et Paolo Gentiloni ont déclaré que le plan allemand « soulève des questions » autour des « principes de solidarité et d’unité qui appartiennent à l’UE ».

Ils considèrent le « double ka-boom » comme une réponse typique de l' »Allemagne d’abord », établissant des comparaisons avec l’interdiction des exportations d’équipements de protection médicale que le pays a introduite pendant la pandémie. En outre, cette approche « fragmenterait le marché intérieur », l’Allemagne cherchant à gagner la « course aux subventions ».

Habeck, également ministre allemand de l’Économie, a balayé ces critiques, affirmant que « de nombreux pays avaient déjà pris des mesures » pour limiter la hausse des prix de l’énergie. Une exaspération largement partagée au sein du gouvernement allemand : « Ces dix dernières années, on nous a reproché de ne pas investir suffisamment, et maintenant que nous le faisons, nous sommes toujours critiqués », assène un fonctionnaire dans le rapport du Financial Times.

Le succès allemand

Le prix du gaz est déjà passé de 350 à 160 euros par mégawattheure. L’Allemagne affirme donc avoir adopté la bonne approche avec sa tactique : « Il est vraiment étonnant que nous ayons réussi à remplir le stockage sans gaz russe et à faire baisser les prix », a glissé Habeck. « Bien que nous ne soyons pas là où nous devrions être. »

Ce faisant, Habeck a souligné que le gouvernement allemand « a toujours des inquiétudes concernant le gaz » et que la consommation doit encore diminuer. « Cela signifie également que les familles devront contribuer. Bien sûr, nous ne pouvons pas leur ordonner de le faire, mais je pense qu’elles le feront. »

Enfin, selon Habeck, ce succès démontre les avantages d’une telle approche : « Si l’Europe, en tant que gros client, exploite stratégiquement son pouvoir de marché, elle peut faire baisser les prix. »

MB

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