Principaux renseignements
- L’agriculture européenne est en retard par rapport à d’autres secteurs dans l’adoption des technologies numériques.
- La participation limitée du secteur agroalimentaire aux centres européens d’innovation numérique (EDIH) accentue cette fracture numérique.
- Les auteurs proposent une approche plus inclusive et axée sur les données pour les PENI, notamment en intégrant des spécialisations agroalimentaires et en donnant la priorité à l’engagement des agriculteurs.
L’agriculture européenne est confrontée à un défi de taille. Elle est à la traîne dans la transformation numérique du continent. Ce problème a des conséquences sur la sécurité alimentaire, l’emploi rural et la résilience climatique. Alors que les pôles d’innovation numérique européens (EDIP) ont pour objectif d’accélérer l’adoption des technologies numériques par les petites et moyennes entreprises (PME), l’agriculture reste sous-représentée parmi les bénéficiaires.
Une nouvelle étude, publiée dans la revue Agriculture, analyse les raisons de cette situation. Les chercheurs ont examiné la littérature scientifique, les rapports et les documents politiques traitant du rôle de l’innovation numérique dans le secteur agroalimentaire. Leurs conclusions montrent un fossé numérique évident entre l’agriculture et les autres industries. Ils avertissent que ce fossé pourrait entraver la transition verte et numérique de l’Europe.
Facteurs contribuant à la fracture numérique
Malgré la vaste portée du programme EDIH, financé par la Commission européenne dans le cadre du programme Digital Europe (DEP), seule une infime partie des bénéficiaires provient du secteur agroalimentaire.
Les auteurs attribuent cette participation limitée à plusieurs facteurs interdépendants : une faible capacité institutionnelle dans les zones rurales, des efforts de recherche fragmentés et un manque de données cohérentes sur l’adoption du numérique dans l’agriculture. De nombreux HDEI sont situés dans des pôles d’innovation urbains, ce qui les rend géographiquement et économiquement inaccessibles aux PME agricoles et aux agriculteurs.
La recherche souligne également des problèmes méthodologiques lorsqu’il s’agit de mesurer l’impact des EDIH sur l’agriculture. De nombreuses études analysent l’écosystème dans son ensemble plutôt que d’examiner le fonctionnement des hubs individuels. Les preuves empiriques sont rares et de nombreuses études proposent des cadres conceptuels plutôt que des évaluations concrètes.
Appel à une approche plus inclusive
En outre, les auteurs affirment qu’une approche descendante de la conception des initiatives EDIH limite souvent leur acceptation, en particulier dans les régions où les compétences numériques et les infrastructures sont limitées. Ils plaident en faveur d’un programme de réforme axé sur l’inclusivité, la transparence et l’évaluation empirique. Il s’agit notamment d’intégrer des spécialisations agroalimentaires dans les centres existants, d’adopter des modèles d’innovation ascendants qui impliquent directement les agriculteurs et de donner la priorité à la normalisation et à l’interopérabilité des données.
Réduire la fracture numérique
Enfin, l’étude souligne le besoin urgent d’interventions ciblées pour combler la fracture numérique dans l’agriculture. En s’attaquant aux obstacles systémiques et en favorisant un écosystème d’innovation plus inclusif et axé sur les données, l’Europe peut faire en sorte que son secteur agroalimentaire tire pleinement parti des opportunités offertes par la transformation numérique. (jv)
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