Le président américain Donald Trump souhaite marquer de son empreinte la politique de la Réserve fédérale. Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), met en garde contre l’ingérence d’un président dans la politique d’une institution monétaire. « Cela représente un danger pour l’économie américaine et mondiale », a-t-elle déclaré lors d’un entretien avec la radio française Radio Classique.
Principaux renseignements
- Trump tente d’influencer la politique monétaire de la Fed. Il exige notamment la démission de Lisa Cook, membre du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale.
- Selon Lagarde, un président ne doit pas s’immiscer dans la politique monétaire. « Cela pourrait avoir des conséquences graves pour l’économie mondiale », a déclaré la présidente de la BCE.
- La dirigeante de la BCE note toutefois qu’il sera difficile pour Trump de prendre le contrôle de la politique monétaire de la Fed.
Contexte : Trump ne cache pas son intention de participer à la détermination de la politique monétaire de la Réserve fédérale.
- Il a ainsi critiqué à plusieurs reprises le président de la Fed, Jerome Powell. Selon le président, celui-ci tarde trop à baisser les taux d’intérêt. La dernière baisse remonte déjà à décembre 2024. Le président américain a déjà laissé entendre à plusieurs reprises qu’il souhaitait limoger Powell.
- Plusieurs autres membres du conseil d’administration de la Fed sont également dans le collimateur de Trump. Il tente actuellement de licencier Lisa Cook, la première femme noire à siéger au conseil d’administration de la Réserve fédérale. Le président l’accuse de fraude hypothécaire. La femme d’affaires riposte toutefois. La semaine dernière, elle a intenté une action en justice contre son projet de licenciement.
- Selon ses avocats, Trump ne peut pas licencier Cook sans la notification ou la « raison » requise pour licencier un gouverneur de la Fed. Elle a appris la nouvelle de son licenciement par le biais d’un message publié sur la plateforme de médias sociaux de Trump, Truth Social.
Lagarde dénonce l’ingérence de Trump dans la politique de la Fed
Dans l’actualité : selon Lagarde, Trump joue un jeu dangereux.
- « Si la politique monétaire américaine n’était plus indépendante, mais dépendait plutôt des ordres de telle ou telle personne, je pense que l’effet sur l’équilibre de l’économie américaine pourrait être très préoccupant. Cela s’explique par les conséquences mondiales que cela aurait, étant donné qu’il s’agit de la plus grande économie du monde », a-t-elle déclaré lors d’un entretien avec Radio Classique.
- Lagarde a ajouté qu’il serait de toute façon difficile pour Trump de prendre le contrôle de la politique monétaire de la Fed. « La Cour suprême américaine, qui est très respectée dans le pays et qui, espérons-le, sera également respectée par Trump, a clairement indiqué qu’un gouverneur de la Fed ne peut être révoqué qu’en cas de négligence grave », a précisé la dirigeante de la BCE.
- Trump bénéficie toutefois d’un certain soutien en Europe. Liz Truss, la Première ministre britannique ayant exercé le plus court mandat, a récemment déclaré dans un podcast de Bloomberg qu’« un règlement de comptes se prépare pour les banques centrales, non seulement en Grande-Bretagne, mais aussi aux États-Unis et à la BCE ».
- Depuis sa démission, Truss a reproché à plusieurs reprises à la Banque d’Angleterre d’être responsable de l’agitation sur le marché obligataire qui a contribué à sa chute. L’année dernière, elle a révélé qu’elle avait envisagé de licencier le gouverneur, Andrew Bailey, mais qu’elle n’avait pas eu le temps de le faire et craignait que cela ne provoque une crise sur les marchés financiers.


