L’aéroport d’Amsterdam se lance dans l’élevage de porcs pour des raisons de sécurité

Face à la multiplication des populations aviaires autour de Schiphol, les autorités de l’aéroport cherchent des manières naturelles de tenir les oiseaux éloignés des pistes, afin d’éviter de dangereuses collisions. La solution la plus simple semble être de confier la mission à des cochons.

Drôles de membres du personnel que les voyageurs transitant par Schipol, l’aéroport international d’Amsterdam, peuvent apercevoir le long des pistes d’atterrissage. Le site accueille une harde composée de 19 cochons, qui font partie d’un tout nouveau projet-pilote : ils sont chargés de tenir éloignés les oiseaux du trafic aérien.

Festin de betteraves

Installés dans un terrain de deux hectares situé entre deux pistes et destiné à l’agriculture, les braves porcins ont pour mission de s’y installer confortablement, de retourner le terrain consciencieusement, et de se délecter du moindre petit bout de betterave qui pourrait y rester. Et ainsi de passer avant les oiseaux, en particulier les oies sauvages, qui sont habituellement attirés par les quelques racines sucrées qui auraient échappé aux machines chargées de les arracher du sol. En outre, leur simple présence suffit à dissuader les escadrilles de volatiles de se poser sur le terrain.

Cela n’est pas évident au premier abord, mais il s’agit bien là d’une mission de sécurité : les oiseaux restent un danger pour le trafic aérien, en particulier à l’atterrissage ou au décollage. Ils heurtent aisément un avion et, dans le pire des cas, se font parfois aspirer par un réacteur, ce qui peut conduire à un accident plus ou moins grave. C’est après avoir aspiré un infortuné volatile lors de son décollage qu’un vol US Airways a du amerrir en urgence dans la baie d’Hudson, en 2009. A Schiphol, entre novembre 2018 et novembre 2019, ce sont 565 collisions entre un avion et un oiseau qui ont été recensées, et un Boeing 747 de KLM a été suffisamment endommagé pour devoir faire demi-tour. Comme ces accidents sont en général mortels pour les oiseaux, eux aussi ont donc tout à gagner à la mise en œuvre de mesures pour les tenir éloignés.

Quand les faucons ne suffisent pas

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’un aéroport fait appel à un animal pour en tenir d’autres à distance. Sur de nombreux sites, des fauconniers et leurs rapaces patrouillent afin d’effrayer les petits volatiles. D’autres diffusent même des enregistrements de cris d’oiseaux de proie. Une méthode qui ne fonctionne toutefois pas sur de plus gros oiseaux, comme les oies sauvages, pas aisément impressionnables. Mais les porcs sont, eux d’une présence assez dissuasive : non seulement ils s’occupent de la nourriture qui pourrait les attirer, mais ils constituent aussi un danger direct pour les oies, qu’ils tentent d’attraper. Et ces dernières ne s’y risquent pas.

Willemeike Koster, porte-parole du groupe Royal Schiphol, a déclaré au Guardian qu’après cette période d’essai plutôt prometteuse, l’aéroport envisageait de déployer des porcs à plus grande échelle: « L’aéroport d’Amsterdam-Schiphol est situé dans un paysage de polders, avec beaucoup d’eau, de prairies herbeuses et de riches terres agricoles. Tous ces facteurs contribuent à faire de Schiphol un lieu de repos apprécié des oiseaux. Cependant, les oiseaux constituent un risque pour les avions. Notre première impression est que peu d’oies ont été aperçues dans la zone des porcs. Et les porcs ont fait leur travail en mangeant les résidus de culture, qui ont maintenant disparu. Toutes les données recueillies par le radar ornithologique et les observations visuelles, entre autres, seront analysées dans les mois à venir. »

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